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20.11.2007

Chronique d'un atelier (2)

Ce matin, pour la première fois, j'ai rencontré la classe de 5ème avec laquelle je vais travailler en atelier toute l'année. Ils avaient lu Lettres à une disparue et tous préparé quelque chose : une maquette et des illustrations de certaines scènes ou du décor du roman, une bande dessinée, des panneaux présentant l'Argentine ou expliquant ce qu'est une dictature... Et, plus fort encore, ils se sont tous exprimé à voix haute. Pour se présenter d'abord, puis pour exprimer ce qui, dans le livre, leur avait plu ou pas - certains sont rebutés par la forme épistolaire et d'autres au contraire l'apprécient particulièrement. Ils ont confié aussi que certaines choses évoquées les avaient choqués : la torture et la répression. Enfin, deux jeunes filles ont choisi la lettre qui les avaient le plus touchées et nous en ont fait la lecture... un moment rare.
 
De mon côté, j'ai répondu à leurs questions sur le métier d'écrire en général et ce roman-là en particulier. Puis je leur ai présenté l'atelier qui va nous réunir tout le long de l'année autour de la correspondance. Et pour stimuler leur curiosité - leur créativité aussi - j'ai sorti ceci de ma besace de factrice...
 
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Dedans se cache une petite énigme littéraire à résoudre au sujet de Lettres à une disparue... Bonne enquête à eux ! (Pour suivre nos aventures de plus près, cliquez sur Correspondance & Cie, sous Un atelier d'écriture, en haut de la colonne de gauche.)
 

26.04.2007

Images d'Épinal

Voilà mes quelques photographies de ces quatre jours de fête. Vous y voyez : l'affiche d'Emmanuelle Houdart, le chapiteau où avaient lieu les dédicaces, les enfants jouant Le Village aux Mille Trésors à la médiathèque de Rambervillers, une création des collégiens de Golbey d'après Lettres à une disparue, Clair Artur en maître de cérémonie, les comédiens du Théâtre des Amarelles en contrôleurs de discours officiels, l'ambiance pendant le concert de jazz manouche des Vieilles Caisses, la balade dominicale à vélo le long du canal, la splendide yourte, les conteuses lisant Milos (Y a un os !) et, pour finir, mon petit coin de paradis - ma "caZ'alire" - sous le chapiteau.

Ce fut un très joli salon, plein de charme et d'invention. Bien sûr, l'adorable MC et sa troupe grenadine dévouée y sont pour beaucoup ! Et puis, côté auteurs et illustrateurs, peu d'invités mais... lesquels ! (N'est-ce pas ?) Tous toujours de bonne humeur - grâce à leur mystérieux "coach au cigarillos" et à un soleil rayonnant sur les Vosges avec une belle constance - ils se révélèrent de surcroît (presque tous...) sportifs et matinaux : les uns pour aller chiner, les autres pédaler. À peine croyable !

Si vous voulez en savoir un peu plus à leur sujet, cliquez sur leurs noms : Claudine AUBRUN, Michel BACKÉS, Gilles BARRAQUÉ, BARROUX, Agnès BERTRON-MARTIN, Patrick BONJOUR, Alain CHICHE, Sophie DIEUAIDE, Didier DUFRESNE, René GOUICHOUX, Alain GROUSSET, Emmanuelle HOUDART, Maryse LAMIGEON, Thierry LEFEVRE, Jean-Luc LUCIANI, Claire UBAC et François VINCENT.

Et pour faire plus ample connaissance avec les organisateurs de cette jolie Fête Régionale du Livre Jeunesse d'Épinal, c'est ici : Clair Arthur, ZINC GRENADINE et le Théâtre des Amarelles (bientôt à l'affiche à Paris).

Encore une chose... Pour moi, désormais, c'est sûr : le goût du diabolo-grenadine aura quelque chose de plus. MERCI à tous !

 

05.04.2007

Et si Oscar...

...accompagnait Milos au Pays des Squelettes ? Voilà, en images sous-titrées, la suite de l'histoire, écrite par une classe de l'école maternelle Montjoly de Chamalières (63).

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Milos est triste, il pleure, il veut revoir son pays.
 
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Oscar le console, il lui dit : "je vais venir avec toi pour le visiter." Milos est heureux, maintenant. Les deux amis partent, ils arrivent devant une porte avec des gardes qui n'ont pas le droit de laisser passer des humains.

 
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Oscar leur donne des lunettes à rayon X, les gardes mettent les lunettes sur leur nez et les laissent passer car maintenant deux squelettes se trouvent devant eux.
 
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Les habitants de ce pays s'agitent et entourent Oscar pour mieux le voir.

Ils sont étonnés et désirent tous inviter cet humain chez eux mais Milos n'a qu'une envie : montrer sa maison à son ami.
 
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Oscar doit repartir à l'hôtel Albinos car sa maman l'attend. Milos veut rester chez lui. Les deux amis sont tristes de se quitter ; ils se retrouveront pendant les vacances. Une fois Milos rejoindra Oscar à l'hôtel Albinos, une autre fois ce sera Oscar qui ira au Pays des Squelettes.
 
Si l'intelligence de cet habile renversement de situation, ne vous a pas sauté aux yeux, c'est que vous ne connaissez pas le début de l'histoire... Pour la découvrir, c'est ici !
 
* 

03.04.2007

C'est moi !

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Vue par les enfants de moyenne et grande sections de l'école maternelle Montjoly de Chamalières. Un oeil aiguisé y verra les maisons du royaume de Silensonge, un marabout, une sorcière et quelques petits squelettes fort sympathiques. Une autre classe m'a offert la suite de Milos...

Merci à tous - petits et grands - pour votre accueil souriant, bavard, attentif et joyeux !

 

13.02.2007

Message personnel (4)

Aux élèves du collège des Mûriers de Cannes-la-Bocca qui m'ont accueillie parmi eux hier, à leurs trois professeurs et à leur documentaliste : MERCI ! Pour moi, grâce à vous, la journée fut riche et intense. Je m'en remets doucement aujourd'hui, relisant vos questions, vos lettres... et me maudissant d'avoir oublié de vous dire ceci ou cela.

Je vous adresse aussi un grand BRAVO pour tout le travail accompli, par chacun, à son poste. Lire ce que l'on a écrit en public n'est pas simple - je sais de quoi je parle ! - et porter un tel projet, sur la durée, avec cet enthousiasme... j'admire infiniment. Tout cela fait chaud au coeur et décuple l'envie d'écrire !

 

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Pour vous, le ciel au-dessus de l'aéroport de Nice juste avant que je m'y envole : une minute de bonheur, magique et pur. Savez-vous que, comme Paloma la colombe, l'arc-en-ciel symbolise la PAIX ?

18.12.2006

Départ pour Châtillon-sur-Seine

medium_sc_a01.gifujourd'hui, je prends le train pour la Côte d'Or. Je vais y rencontrer les élèves d'un Lycée Agricole, notamment une classe de BEP option "soigneurs d'équidés". C'est leur documentaliste, Nathalie Jacquenet, qui m'a contactée. Ses motivations et son projet m'ont vite convaincue :

"Je constate en effet chaque année qu'une telle rencontre avec nos élèves, a priori réticents à la lecture, est une belle occasion de dépasser certaines crispations, certains comportements stéréotypés. Il en ressort des échanges riches humainement. Par ailleurs, le thème que vous avez évoqué dans vos deux romans, Lettres à une disparue et Soliman le Pacifique, intéresse les élèves. Ils sont très sensibles à l'injustice, la contrainte, l'absence de liberté de choix...

Je suis heureuse de rencontrer des "grands", heureuse à l'idée de leur parler de mes deux romans, de faire le lien entre eux. Et puis... je sais que la rencontre a été préparée avec grand soin :

"Actuellement, je retrace aux élèves l'histoire du judaïsme depuis Moïse et je leur lis des extraits de vos romans ou d'autres récits : Si tu veux être mon amie, de Galit Fink et Mervet Akram Sha'ban, L'Attentat de Yasmina Khadra. J'aborderai ensuite la question palestinienne à travers la culture des oliviers comme facteur de dialogue entre les deux peuples. En ce qui concerne l'Argentine, je leur lirai des extraits du livre d'Eduardo Galeano, Mémoire du feu, dans lequel il parle des enfants adoptés par les bourreaux de leurs parents. Je voudrais également leur faire écouter une chanson d'Atahualpa Yupanqui, en nous attardant sur le texte."

Bonne journée à vous - pour la mienne, je suis confiante !

 

14.12.2006

Les amoureux de Sallaumines

medium_veronikmassenotgr.jpgHier, Fulberte et Amadou, mes deux amoureux préférés, ceux de mon album Marabout et bout de Sorcière, étaient de passage à la Maison de l'Art et de la Communication de Sallaumines. Dans la grande salle de danse, soixante enfants les attendaient, assis sur leurs coussins en forme de coeurs et leurs petits tapis (volants, certainement) ! La sorcière et son marabout arrivèrent par ma voix... et celle du violoncelle de ma soeur, Caroline.

Mais les enfants n'étaient pas là simplement pour nous écouter. Caroline avait tout prévu - il faut dire que c'est son métier ! Elle forma les pupitres et distribua les rôles. D'abord, des lames sonores, pour l'ambiance un peu inquiétante du début de l'histoire. Les claves, quand on frappe à la porte du manoir. Sanza, djembé, lorsque l'inconnu se présente : "Je m'appelle Amadou, grand marabout d'Afrique"... Bientôt, chacun des soixante enfants eut son instrument. Et, après une première mise en place, nous nous lançâmes pour de bon.

Quel bonheur ! Même les tout petits, ravis d'agiter leurs grappes de coquilles d'escargot ou de faire tinter leurs canettes métalliques (spécialement fabriquées pour l'occasion) lorsque Fulberte farfouille dans son réfrigérateur et offre un verre à son visiteur, participèrent de bon coeur ! Quant aux flûtes à coulisse, accompagnant les exploits délirants d'une Fulberte déchaînée sur son balai hirsute, inutile de dire qu'elles rencontrèrent un vif succès !

Après toutes ces émotions musicales, ce fut l'heure d'aller goûter à la médiathèque. J'avais apporté quelques étiquettes "maison" à coller sur les bouteilles de boissons et, contre toute attente, le pipi de chat fut très apprécié ! Ensuite, dans la petite salle du conte, je montrai aux plus grands les dernières épreuves de l'album avant publication, explorant avec eux les dessous de l'histoire et l'infinie richesse des illustrations de Muriel. Enfin, vint le moment des dédicaces, des "au revoir" et des bisous... Longue vie aux amoureux des livres !

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Par chouette postale électronique, j'envoie un grand merci à toute l'équipe de la MAC de Sallaumines : à Isabelle, pour son soutien enthousiaste de la première heure, à Gaby pour son efficacité, à David pour sa gentillesse, à Valérie pour son aide précieuse et à Sylvain, barman de choc !

Et par hibou spécial poids lourds, mille mercis à Caro : c'est dans son cerveau en ébullition qu'a germé ce projet, puis mûri toute sa mise en place - merci aussi à Sébastien qui a composé le thème final de l'animation ! J'espère que nous  aurons l'occasion de faire progresser notre prestation commune, en ajoutant notamment quelques micro et jeux de lumières féeriques... Oui, mille mercis de m'avoir ainsi entraînée au coeur le plus joyeux de cette charmante aventure magique !

 

27.09.2006

Odyssée postale (1)

medium_sc_l01.gif'année dernière, j'eus la chance d'être invitée par une professeure de français formidable - et par ailleurs auteure - dans une classe de 6ème, à Paris. Ses élèves avaient lu mes Lettres à une disparue et je venais répondre à leurs questions sur le roman, l'histoire vraie qui me l'avait inspiré, le travail d'écriture...

Bien sûr, je leur parlai de mon amour pour la correspondance. La rencontre fut chaleureuse et lorsque je partis, la classe me promit un petit courrier. "Peut-être en rapport avec l'Odyssée..." - qu'elle étudiait alors.

Plusieurs mois s'écoulèrent. J'oubliai la promesse, rencontrai d'autres classes et d'autres élèves attachants. Puis un beau jour de juin, les lettres arrivèrent chez moi. Comme elles me plurent beaucoup, j'eus envie de les partager. Aussi, autorisation prise auprès de leurs auteurs, je vous en propose la lecture... sous forme de feuilleton ! Voici le premier épisode ; il y en aura cinq en tout.

 

Chère Véronique,-

Comme Pénélope, il faut être patiente car tu vois : tout arrive. Non, ton passage à Rocroy n'est pas tombé dans l'oubli, une semaine recouvrant l'autre de préoccupations nouvelles. Il fut même un temps très fort de notre année et nous tenons à t'en remercier par un petit travail d'écriture que nous te dédions. Comme nous avons étudié l'Odyssée, il nous a paru intéressant d'imaginer la lettre que Pénélope pouvait écrire à Ulysse, grand spécialiste de la disparition prolongée. Seulement de fil en aiguille et de disparu en disparu, notre travail a pris plus d'ampleur et donc plus de temps, que ce qui était prévu à l'origine.

Nous espérons que ces quatre lettres, synthèse de tous les travaux d'élèves de 6ème 4, te plairont et t'amuseront (te tireront une petite larme, peut-être...).

Encore une fois merci pour le temps que tu nous as consacré.

Nous t'embrassons fort.

La classe de 6ème 4 et leur professeur, Hélène Delprat.

 

(@ suivre... dans Le courrier des lecteurs)

05.05.2006

Le lapin d'Autun

medium_doremicalin.jpgPardon à ceux (sans aucun doute très nombreux) qui seraient venus à la Fête du Livre d'Autun tout spécialement pour moi - on peut rêver, non ? Je n'ai pas pu y signer mes livres.

Caprice de dernière minute, pensez-vous. Pas du tout ! Suite à un petit malentendu entre les libraires, les organisateurs et moi, ce sont mes livres qui n'étaient pas au rendez-vous !

Prévenue au dernier moment, je me suis tout de même rendue à la Fête... en visiteuse. Et, finalement, ce n'était pas si mal : j'ai pu voir des choses que sinon, impeccablement fidèle à mon stand, j'aurais manquées. Par exemple, un intermède théâtral mettant en scène (entre autres) Georges Sand et Stendhal en visite à Autun. Ou un bel entretien de Patrice Delbourg - des "Papous dans la tête" - avec Patricia Martin...

Les organisateurs, confus de ce malentendu, m'ont d'ores et déjà invitée à venir "fêter la Fête" l'an prochain : elle aura 10 ans ! Cette fois, j'y serai. Comme je fus à la première édition. Avec mes livres... et sans lapin. Pro-mis !

 

03.05.2006

Poste restante... ou Le lapin de Villeurbanne

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Connaissez-vous Claude Gutman ?

Oui oui, LE Claude Gutman de Toufdepoil ! Et de La maison vide, aussi. Eh bien, voilà... j'ai du courrier pour lui.

Claude Gutman, je l'avais lu mais jamais rencontré. Or, tous les deux invités en tant qu'auteurs, nous avions rendez-vous à la Fête du Livre Jeunesse de Villeurbanne - lui ne le savait peut-être pas, mais moi oui ! - et il n'est pas venu.

Prise au jeu du thème de la Fête - la mémoire - je lui avais écrit un petit mot gentil - un grand merci en forme de "Je me souviens" pour lui dire que je n'oublie pas.

Car c'est lui qui, au téléphone, il y aura 10 ans bientôt, m'a chaleureusement encouragée à envoyer le manuscrit des Lettres à Pierre Jaskarzec, alors éditeur chez Hachette. En d'autres termes - si je puis me permettre ! - Claude Gutman fut la "fée" du "conte" que je vis aujourd'hui !

Si, d’une manière ou d’une autre, vous pouvez m'aider à lui faire parvenir cette lettre-ci, d'avance je vous remercie !

 

21.03.2006

À la moulinette de Proust

Le  23  février  dernier,  je rencontrais deux classes de collège à Maurepas, dans les Yvelines. Les élèves avaient lu Lettres à une disparue et préparé de grands panneaux, disposés dans la documentation. Dessus, entre autres choses, des affiches entières de questions, dont certaines empruntées au fameux "questionnaire de Proust".

À la vue de celles-ci, soudain, j'ai senti remonter en moi une vieille angoisse oubliée, l'angoisse de l'interro surprise ! L'éternelle collégienne cachée tant bien que mal sous mon masque d'adulte fut aussitôt tentée d'implorer l'indulgence - voire la pitié - de ses examinateurs. Au secours ! Je n'ai pas révisé, moi ! Je ne sais pas quel est mon principal défaut - j'en ai trop ! Ni comment j'aimerais mourir. Et si la couleur que je préfère est tantôt le rouge, tantôt le noir, je n'ai pas fait mienne la moindre petite devise... La honte intégrale !

Prenant sur moi, tentant vaguement de réajuster mon masque, j'ai tout de même essayé de répondre, le plus honnêtement possible. Voyant que peu à peu je rentrais dans le jeu, de nouvelles questions se mirent à fuser... Et mes réponses aussi ! Finalement, l'échange eut du rythme et il fallut l'interrompre pour passer à la suite.

Ainsi me suis-je entendu dire que ma fleur préférée demeure la pivoine - ce qui n'a rien d'étonnant pour une grande timide rougissant à tout bout de champ ! - et que j'aimerais mourrir tout en le sachant, le temps de dire adieu à ceux que j'aime...

 

De Proust à Frankenthal

À la question "Quel est votre héros dans la vie réelle ?" j'ai un peu hésité, cherché dans le passé... Puis, tout à coup, j'ai pensé à un homme dont je venais tout juste de découvrir l'existence, grâce à l'association Shalom Arshav (La Paix Maintenant). Cet homme s'appelle Itzhak Frankenthal. Il est israélien, juif orthodoxe et en 1994, il a perdu son fils Arik, assassiné par des militants du Hamas. Face à ce drame personnel, inscrit dans un drame évidemment bien plus grand, cet homme a réagi d'une manière extraordinaire : "Je n’ai pas voulu devenir un autre de ces parents endeuillés qui ont perdu un enfant et qui soutiennent cette même politique qui a causé sa mort. Je n’ai pas voulu cela."

Aussi a-t-il liquidé sa société et utilisé les fonds pour créer une association de parents endeuillés - palestiniens et israéliens - vouée à la réconciliation entre les deux peuples. Les parents se sont rencontrés, ont pleuré ensemble, puis sont allés porter le message de l’acceptation mutuelle dans les écoles et dans d’autres institutions, en Israël, mais aussi à Gaza et en Cisjordanie. Ces actions conduisent Itzhak Frankenthal à rencontrer des Palestiniens de tous horizons, y compris de nombreux militants du Hamas. L'échange n'est pas toujours facile, bien sûr : "Certains de ces gars-là hurlent avec une telle colère... Ils n’ont pas l’occasion d’exprimer leurs émotions à un Israélien. Mais la colère, c’est si proche d’une douleur insupportable que souvent, ils hurlent jusqu’à ce qu’ils s’effondrent en larmes."

Ces paroles m'ont beaucoup touchée. Comment ne pas les rapprocher de ce que j'ai écrit dans Soliman le Pacifique (Journal d'un enfant dans l'Intifada) ? Nora, la grande soeur de Soliman, comme lui pacifiste, se désespère. Puis Rouslan, l'ami de toujours, lui répond...

-

"(...) Nous, on voudrait que ça change. Mais on ne sait pas comment faire ! Tous les autres, ceux qui veulent la guerre, la vraie, hurlent plus fort que nous. La paix, la fraternité, toutes ces idées généreuses ont l'air tellement utopiques face aux cris de vengeance...

- Parce qu'elles demandent aux hommes des trésors de sagesse, a dit Rouslan. Pour faire la paix, il faut essayer de comprendre l'autre. Il faut donc l'écouter. Et cesser de crier... Mais cesser d'avoir mal ne se décide pas. Or, nous avons mal. À notre identité, notre histoire, notre terre. C'est pourquoi nous crions..."

-

Aujourd’hui, Frankenthal s’est engagé dans un nouveau projet, l’Insititut Arik (http://www.arikpeace.org/Eng/), grâce auquel il veut faire comprendre à ses compatriotes que "les Palestiniens réagissent aux souffrances que leur inflige l’occupation. Une fois l’occupation terminée, les deux peuples seront en mesure de vivre côte à côte, dans la coexistence et la stabilité". Pour les convaincre, il consacre aujourd’hui sa vie à encourager les Palestiniens à envoyer ce message. Seuls les Palestiniens, pense-t-il, peuvent faire comprendre aux Israéliens qu’ils ne sont pas une espèce à part, qu’ils ne sont ni intrinsèquement violents ni emplis de haine, mais des gens comme eux.

Son histoire personnelle lui donne la légitimité nécessaire pour porter ce message. "Mon fils, Arik, est né dans une démocratie. Il avait une chance de connaître une vie normale, tranquille. Il adorait sa vie, et pensait par ailleurs qu’il fallait que nous parvenions à faire la paix avec les Palestiniens, sans quoi nous ne survivrions pas. L’assassin d’Arik est né dans une occupation terrible, subissant humiliation après humiliation, une sorte de chaos éthique ; Si mon fils était né à sa place, il aurait pu finir par faire la même chose. Que tous ceux qui sont sûrs de leur bon droit, qui parlent de la cruauté des meurtriers palestiniens, se regardent bien dans le miroir."

Ces mots-là aussi font écho à Soliman, qui s'interroge :

-

Pourquoi notre histoire n'émeut-elle personne ? (...)

Aucun homme, sur la terre, ne peut accepter cela sans colère. Subir et se taire.

(...) Nos grands-parents ont été chassés de chez eux, nos parents se sont révoltés en vain. Maintenant viennent les enfants... et même en nous élevant loin des sentiments de haine, de vengeance, on ne peut empêcher la colère d'être là. De germer dans les coeurs. De couleur dans les veines. On peut mettre en garde contre elle, on ne peut pas faire qu'elle n'existe pas.

Souvent, je me demande si je penserais pareil si je n'étais pas palestinien.

C'est drôle à dire, ou plutôt, c'est étrange... parfois j'essaie d'imaginer que je suis juif et que je vis en Israël. Eprouverais-je alors la même compassion ? Notre douleur me révolterait-elle autant ?

Tout au fond de mon coeur, dans mon for intérieur - et je le jure sur la tête de ma Yaya - je suis sûr et certain que oui.

--

Sans doute comprenez-vous pourquoi l'engagement d'Itzhak Frankenthal me touche... Si cette question vous intéresse aussi, je vous invite à lire l'article passionnant qui concerne son action sur le site de Shalom Arshav.

Quant à Proust, si vous voulez connaître ses propres réponses au fameux questionnaire, il faut aller ici. Vous y verrez que lui non plus n'avait pas de devise... Ouf ! Merci, Marcel !

 

16.02.2006

Avec ma sacoche de factrice

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Après les fêtes, j'ai repris le chemin des classes, un chemin souvent ferroviaire. C'était le 20 janvier dernier. De bon matin, ma sacoche de factrice en bandoulière (ma belle besace des POSTES flambant neuve, cadeau de Noël de mon amoureux) j'ai sauté dans le transilien. Destination Montlhéry, dans l'Essonne. Après le train, le métropolitain. Correspondance avec le RER, à la station... Bibliothèque !

Là-bas, au collège Paul-Fort*, on m'attend avec le sourire... et le petit-déjeuner ! Du thé, du café, des croissants. Sympa ! Mais, bien que je sois en avance, les élèves, eux aussi, sont déjà là - si impatients qu'ils ont séché la fin de leur cours précédent, jurant que c'est à la demande expresse de leur professeure de Français. Celle-ci, arrivant après eux, tombe des nues. Le surveillant n'est pas content. Il y a de la sanction disciplinaire dans l'air...

L'ambiance est donc un peu tendue. Au début. Mais elle va se détendre. Les élèves m'ont préparé une surprise - voilà sans doute ce qui les rendait si pressés ! Neuf lecteurs volontaires ont choisi leur passage préféré parmi les neuf lettres de mon roman. Chacun se lève à son tour et lit. Des filles et des garçons. Certains, nerveux, vont vite vite vite... et d'autres, plus sûrs d'eux, prennent leur temps. Pour moi, c'est toujours émouvant.

Cela peut paraître un peu bête - ou cabotin, peut-être... j'espère que non ! - mais il y a des phrases, que j'ai pourtant écrites depuis un moment, qui me font encore venir les larmes aux yeux lorsque je les entends... Est-ce bien normal, docteur ? La honte ! C'est ma hantise, cette vague d'émotion qui me monte à la gorge devant tous ces yeux inconnus, si attentifs et généreux. Bien sûr, je lutte. Comme je peux. Mais, du coup, mon attention se relâche. Tenter d'endiguer mon trouble m'occupe soudain toute entière. Et je me sens coupable ! Car les élèves, eux aussi, font souvent de très gros efforts pour prendre la parole ainsi - devant moi et devant les autres, la classe, les professeurs, la documentaliste, parfois le chef d'établissement. Aussi méritent-ils une belle attention.

Heureusement, viennent ensuite les questions. Dans le dialogue, le courant passe. Bien. Très bien, même ! Les deux rencontres sont un succès. Tout le monde est ravi, me fait des compliments. Je ne peux pourtant pas m'empêcher de me demander... Les élèves se sont-ils aperçu de mon trouble, pendant la lecture ? Et les adultes, derrière moi ? Je ne sais pas. Et puis, je ne suis pas si sûre de vouloir le savoir ! Alors, je range cette question sans importance tout au fond de ma sacoche de factrice - et en route pour la gare !

 

[*Paul Fort, surtout connu pour son poème mis en musique et chanté par Brassens - Le petit cheval dans le mauvais temps - est mort à Montlhéry (prononcer "mon léri") en 1960. Voici, en bonus, les paroles de la chanson qu'écrivit Brassens pour célébrer le poète à sa mort.]

 

Tous les oiseaux étaient dehors
Et toutes les plantes aussi.
Le petit cheval n'est pas mort
Dans le mauvais temps, Dieu merci.
Le bon soleil criait si fort :
Il fait beau, qu'on était ravis.
Moi, l'enterrement de Paul Fort,
Fut le plus beau jour de ma vie.

On comptait bien quelques pécores,
Quelques dindes à Montlhéry,
Quelques méchants, que sais-je encore :
Des moches, des mauvais esprits,
Mais qu'importe ? Après tout ; les morts
Sont à tout le monde. Tant pis,
Moi, l'enterrement de Paul Fort,
Fut le plus beau jours de ma vie.

Le curé allait un peu fort
De Requiem à mon avis.
Longuement penché sur le corps,
Il tirait l'âme à son profit,
Comme s'il fallait un passeport
Aux poètes pour le paradis.
S'il fallait à Dieu du renfort
Pour reconnaître ses amis.

Tous derrière en gardes du corps
Et lui devant, on a suivi.
Le petit cheval n'est pas mort
Comme un chien je le certifie.
Tous les oiseaux étaient dehors
Et toutes les plantes aussi.
Moi, l'enterrement de Paul Fort,
Fut le plus beau jour de ma vie.

 

 

12.01.2006

L'arbre à mots

Le vendredi 16 décembre dernier, invitée par une jeune professeure de lettres, je suis allée rencontrer une classe de 4ème au collège de Limay.

 

Cette classe avait étudié mes Lettres à une disparue et voulait savoir comment m'était venue l'idée d'un tel roman : pourquoi ce sujet douloureux, pourquoi la forme épistolaire, pourquoi ne pas situer l'histoire, ni dans le temps, ni dans l'espace...

Puis vient l'inévitable : "pourquoi écrivez-vous ?"

Bien sûr, depuis quelques années que je rencontre "mes" lecteurs, ces questions-là, on me les a déjà posées de très nombreuses fois. Et pourtant - je le jure ! - j'y réponds toujours avec le même plaisir, la même sincérité. Le même doute aussi : suis-je si sûre de mes raisons ? Chaque fois, la question reprend tout son sens. Elle fait le chemin avec moi.

Et mes réponses sans doute évoluent...

 

Ensuite, la discussion s'est élargie à mon second roman, Soliman le Pacifique (Journal d'un enfant dans l'Intifada) que certains connaissaient. J'aime expliquer pourquoi je vois ce livre comme la suite "logique" du premier. Comment ces deux projets-là se répondent, se complètent... et parfois s'opposent. J'aime aussi raconter la genèse chaotique de ce journal - qui n'en fut pas un tout de suite. Trois années de travail, trois versions différentes ! Avec au bout, pour moi, le sentiment d'avoir enfin - et chèrement - acquis ces galons d'écrivain que l'on m'avait prêtés bien vite à la parution de mes Lettres.

 

Avant de nous quitter, la professeure nous propose un petit jeu littéraire. L'ensemble des élèves d'un côté, moi de l'autre, nous tracerons notre "arbre à mots". Le principe est simple : il s'agit d'exprimer les idées fortes, celles qui marquent la mémoire d'une lecture, d'un échange, d'une rencontre... Voici le leur.

 

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Ils me l'ont gentiment dédicacé, puis offert. Le mien trône, paraît-il, en bonne place dans leur salle de classe.

Merci, Anne-Elisabeth et merci, la 4ème 3 !

 

19.12.2005

Sur le tapis volant d'Amadou

Le 9 décembre dernier, je suis partie à la rencontre de quatre classes de ZEP (un CE2, un CM1 et deux CM2) dans la circonscription de Mantes-la-Ville.

Organisée par une conseillère pédagogique fort bienveillante, visiblement proche des professeurs, la journée fut idéale : mes albums avaient été lus (et relus) par les élèves, des questions à mon intention préparées en toute liberté (pas de censure) et un travail (d'écriture) prévu sur le long terme, comme pour faire "fructifier" ma venue par la suite.  Je me suis sentie attendue, attentivement écoutée, bref - oserais-je l'écrire ? - utile.

 

Les questions des enfants portaient beaucoup sur les "coulisses du livre" - combien de temps faut-il pour écrire une histoire, est-ce que l'auteur et l'illustrateur travaillent ensemble, comment sont-ils payés - mais aussi sur ma "vocation" - quand ai-je commencé d'écrire et pourquoi.

J'espère avoir, par mes réponses les plus précises possibles, apaisé leur soif de comprendre... tout en aiguisant leur faim de savoir !

 

Voici l'un des aspects du métier que j'aime mettre en lumière : auteurs, illustrateurs, éditeurs, directeurs artistiques ou rédacteurs en chef, nous tous qui travaillons dans la presse et dans l'édition, nous nous trompons beaucoup ! Nous hésitons, nous doutons, nous nous posons de très nombreuses questions, puis nous faisons des choix.

Cette fois, j'avais apporté avec moi les différentes maquettes (correspondant aux différentes étapes) de la mise en place d'un J'Aime Lire. Les enfants ont pu voir les commentaires en marge, les avis des uns et des autres (qui bien souvent se contredisent) et l'évolution des illustrations, du crayonné à la couleur définitive.

J'avais aussi, sous le bras, la première impression en couleurs de Marabout et bout de sorcière : soigneusement anotée, elle montre bien tous les petits réglages que l'on peut faire jusqu'à la dernière minute.

Faire comprendre aux enfants qu'un livre ne sort pas tout-beau-tout-bien-fini, comme par magie, de nos mains d'or et de nos cerveaux surpuissants, me tient à coeur. D'une part, le travail leur apparaît concrêtement ; d'autre part, cela les désinhibe. Parfois - et là, pour moi, quelle récompense ! - certains s'autorisent soudain à sentir ce métier à leur portée.

 

D'ailleurs, des récompenses, durant cette journée autour de Mantes, j'en ai reçues bien d'autres. Et, de retour chez moi, au volant velu du tapis volant d'Amadou, j'ai savouré tous ces sourires complices, ces regards pétillants, ces questions spontanées - urgentes ! - qui jaillissent d'un coup et grippent la jolie mécanique de la liste numérotée, l'étonnement ravi du professeur devant l'élève "difficile" qui se révèle passionné, l'autographe (et le stylo-bille jaune fluo) d'une très jeune auteure prénommée Sakina, les bisous de toutes ses copines et les applaudissements "surprise" des CM2 de Limay.

Merci à vous, tout cela m'a fait chaud au coeur !

 

 

22:35 Publié dans Point Rencontres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : animation