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30.06.2010

Voyage-Lecture en Charente (2)

À Segonzac, j'ai rencontré trois classes.

Les CE1-CE2 avaient lu Le Village aux Mille Trésors, qui fait partie lui aussi (comme Une Pomme pour Deux) de la sélection "Complicelivres" - le Voyage-Lecture sur le thème de la complicité inventé par Livralire. J'ai répondu à leurs questions, puis nous avons regardé ensemble les différentes versions du Village.

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couvvillage.jpgCar avant de devenir un album illustré par Joanna Boillat, cette histoire est d'abord parue dans la presse : je l'avais même écrite "sur mesure" pour un autre illustrateur, Marcelino Truong, passionné comme moi de culture japonaise.

Cette première version, publiée dans "Les Belles Histoires" (magazine Bayard) est plus courte, plus ramassée - contrainte de place oblige - et le style des illustrations, très différent de la seconde, lui donne une toute autre atmosphère...

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Seiji, les bandits et les enfants (Marcelino Truong)

La comparaison de certaines images - celles, notamment, concernant l'épisode central du livre (l'entrée des bandits dans la grotte) - permet d'aborder très directement le rôle de l'illustration dans le ressenti du petit lecteur...

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Les deux bandits et les enfants (Joanna Boillat)

 

JAL2.jpgLes CE2-CM1 avaient lu, en plus du Village, La Lettre mystérieuse... dont j'ai pu montrer toutes les étapes de l'élaboration, du tout premier manuscrit jusqu'à l'impression finale, en passant par les traductions en langues espagnole et anglaise.

J'avais aussi apporté la "vraie" lettre mystérieuse, vraiment partie en Chine et vraiment revenue chez moi... qui les a passionnés. Alors, comme il restait un petit quart d'heure avant la récréation, ils se sont lancés dans une nouvelle aventure : l'écriture de leur propre lettre, c'est-à-dire de leur propre rêve... (Bon, là, pour comprendre, j'ai bien conscience qu'il faut avoir lu le livre ! Hé hé, vous savez donc, ce qu'il vous reste à faire ! ^^)

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@suivre...

 

28.06.2010

Voyage-Lecture en Charente

Il y a trois semaines, je bouclais ma valise et sautais dans un train pour partir en Voyage-Lecture dans un très joli coin de France, la Charente.

Qu'est-ce qu'un Voyage-Lecture, au fait ? Vous vous en doutez, l'expression caresse agréablement mes oreilles pointues d'amoureuse de livres atteinte de "bougeotte" aiguë, faisant naître dans mon esprit de belles images d'aventures folles et immobiles, de plongeon sans fin dans le coeur des pages, de courses haletantes d'un chapitre à l'autre... Cependant, vous en trouverez une définition plus sûre, et plus professionnelle, ici. Et , aussi.

Donc, après quelques correspondances parisiennes, me voici en Charente. Première étape : Segonzac. Dans ma grande bonté, je vous épargne le détail des péripéties et autres imprévus qui m'amenèrent à poser, finalement, ma valise dans un endroit aussi luxueux que celui-ci... mais, sans vouloir "me la péter" - comme diraient de mauvaises (et jeunes) langues de mon entourage - vu son passé d'ancien Relais de Poste et le nom de la chambre (Le Messager) que l'on m'y donna, j'ai décidé que cet endroit était fait pour moi ! Tout simplement. Non ? Vous ne trouvez pas ?

Bon. Revenons au Voyage-Lecture et poussons la porte de la médiathèque de Segonzac : à l'étage, le "rayon jeunesse" et ses couleurs vitaminées...

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...où ce drôle de coffre attire l'oeil du visiteur !
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Qu'y a-t-il à l'intérieur ? Un trésor, forcément... puisqu'il est fermé à clef !
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Gaëlle, (super) médiathécaire, l'ouvre... rien que pour moi (et vous) !
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Ah, tiens ! J'aperçois un livre que je connais bien...
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...et qui a mis ses belles chaussures pour partir en Voyage-Lecture !

@suivre...

 

24.06.2010

Dijon-Buenos Aires... (fin)

Reçu hier, le fruit du travail des élèves, suite à la rencontre racontée dans les deux notes précédentes : lettre, acrostiche ;-) et articles de presse, tout à fait remarquables...

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BRAVO à TOUS !

22.06.2010

Dijon-Buenos Aires-Dijon

[Une rencontre pas comme les autres... (suite)]

Comme je vous l'annonçais dans la note précédente, après une heure de rencontre avec deux classes de 4ème autour de mon roman Lettres à une disparue, je laissai volontiers ma place à deux témoins directs de l'époque, deux parents d'élèves argentins, venus nous raconter leurs enfance et adolescence sous la dictature...

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Claudio nous rappela tout d'abord combien son pays était jeune, puisqu'il proclama son indépendance le 25 mai 1810 - d'où la fameuse "Place de Mai"... - indépendance définitivement acquise le 9 juillet 1816. La population se composait alors essentiellement d'immigrés d'origine européenne : des Espagnols, mais aussi beaucoup d'Italiens et de Juifs de l'Est fuyant les pogroms. "D'ailleurs, ajouta-t-il en se tournant vers moi, l'idée des lettres écrites mais impossibles à envoyer de votre roman m'a rappelé cette histoire, car bien souvent les nouveaux arrivés perdaient tout contact avec leurs familles restées en Europe. Le courrier ne fonctionnait pas ; les lettres et les liens se perdaient..."

En 1970, après 15 ans d'alternance entre coup d'état militaire et renouveau démocratique, vient le temps de l'effervescence révolutionnaire mondiale. Qui, en Argentine, va générer la réaction opposée la plus dure : une dictature cruelle, qui se donnera pour mission de "couper le mal à la racine". "Lorsque j'avais 13 ans, on parlait d'utopie. Trois ans plus tard, tout était interdit. Malheureusement,  je dois dire que, peu à peu, on s'y fait."

Marina, la femme de Claudio, est plus jeune. Elle avait 8 ans lors du coup d'état qui amena Videla au pouvoir. "J'ai grandi dans une famille où le mot "politique" faisait figure de gros mot. L'auto-censure et la peur étaient permanentes... Mais, moi, je ne m'en rendais pas compte ! C'est impossible quand on ne connaît pas autre chose. Nous étions coupés de l'extérieur, sans point de comparaison. C'est en grandissant qu'on ouvre les yeux..."

La famille de Claudio était plus avertie, sans toutefois être engagée - sinon, sans doute ne serait-il pas là aujourd'hui... "Concernant les disparitions, des bruits circulaient : certains savaient, d'autres ne voulaient pas y croire. Le gouvernement prétendait que ces histoires étaient des affabulations - "No esta" dit Videla dans la vidéo de la note précédente - et qu'il s'agissait d'une campagne "anti-nationale" orchestrée depuis l'extérieur du pays. Les "Mères de la Place de Mai" furent surnommées "les Folles" afin de les discréditer. On disait qu'elles étaient payées par des "puissances étrangères"... Pourtant, dans ma propre classe de lycée, une année après l'arrivée des militaires au pouvoir, un tiers de mes camarades avait disparu."

L'argument du complot "anti-argentin" fomenté depuis l'étranger, raconte Claudio, sera utilisé et réutilisé sans cesse par le régime pour tenter de tenir le peuple uni, derrière son dictateur, contre le reste du monde. Ainsi fut interprêtée la question, un temps soulevée en 1978, du boycott de la coupe du monde de football, puis celle de la guerre des Malouines - folie militaire qui accéléra la chute de Videla, en 1983.

Pour finir, Claudio et Marina évoquent l'actualité, toujours hantée par les crimes impunis de la dictature - notamment, ces disparitions et adoptions forcées. Pour preuve, la veille de cette rencontre, les Abuelas de Plaza de Mayo (les "Grand-Mères" de la Place de Mai, les Melina qui cherchent leurs Nina...) venaient d'être officiellement déclarées candidates au Prix Nobel de la Paix par le célèbre comité. Dans le même temps, c'est-à-dire plus de 30 ans après les faits, se poursuit le procès de "l'Ange blond de la mort", le "fameux" capitaine Astiz...

La rencontre se termine sur la question de l'émigration. "Pourquoi êtes-vous partis d'Argentine ?" "Etiez-vous menacés ?" demande un élève... "Non, répond Claudio, avec son bel accent chantant, nous avons quitté notre pays pour des raisons économiques, lors de la crise de 2002... comme 280 000 autres Argentins ! Ma mère, qui est restée là-bas, dit d'elle-même et des gens de sa génération : nous sommes les enfants de ceux qui sont venus et les parents de ceux qui sont partis..."

Filiation, transmission, mémoire, ces mots sont là, qui sonnent et qui résonnent encore, à l'unisson des Lettres et de l'histoire, violente et tourmentée, des Hommes...

 

affichelettres.gifVoilà, notre belle rencontre "pas comme les autres" s'achève. Mais, je vous invite à la poursuivre en allant regarder, sur le site de l'INA, ce reportage d'époque (1982) qui vous éclairera sur le rôle d'Astiz. Ce document me permet, par ailleurs, d'adresser un signe d'amitié à son auteur, Philippe Rochot, grand journaliste - que j'ai eu la chance de rencontrer grâce à ce roman, Lettres à une disparue, précisément !* - et... Dijonnais, lui aussi ;-)

Encore un mot : Merci. Merci, oui, de tout coeur, à Mme Heitzmann et à ses collègues, mais aussi et surtout à Claudio et Marina, pour ce moment sincère, fort et précieux...

 

*Pourquoi ? Comment ? Un (petit) morceau de la réponse est , tout en bas de la page. C'était en mai 2000...

 

17.06.2010

Une rencontre pas comme les autres...

C'était en avril dernier au collège Marcelle Pardé de Dijon, ma ville natale - que je connais pourtant très mal... (Pardonnez-moi, je n'y suis restée qu'une année, la première de ma vie !)

Le soleil était au rendez-vous, radieux. L'accueil aussi, fort chaleureux. Trois classes de 4ème avaient lu Lettres à une disparue et préparé de nombreuses questions à mon intention. La grande salle, tapissée de panneaux (fruits de recherches documentaires sur les dictatures d'Amérique du Sud) et remplie de chaises alignées, bien sages, attendait de nous réunir.

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Les Lettres... 4 éditions successives (1998-2007)
 

Jusque là, rien de fondamentalement révolutionnaire : depuis 12 ans qu'on étudie mes livres à l'école, j'en ai rencontré des classes accueillantes ! C'est vrai... (Et je ne m'en lasse pas, croyez-moi !) Mais je ne vous ai pas tout dit : cette fois-ci, je savais que je ne serais pas seule à parler. J'allais pouvoir être, moi aussi, un moment "spectatrice". Pouvoir écouter, à mon tour, une parole (Ô combien !) précieuse, poser des questions et prendre des notes - comme j'ai tellement aimé le faire au cours de mon séjour en Palestine.

Cette fois-ci, en effet, Marina et Claudio, parents d'élève et Argentins, allaient venir à mes côtés, pour témoigner de leur vécu d'enfant et d'adolescent sous la dictature...

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Les Lettres... 4 illustrations personnelles (1996)
 

Ce fut évidemment passionnant. Et très émouvant, aussi, vous vous en doutez...

Je vous en reparle très vite. En attendant, histoire de se (re)placer dans le (très sinistre) contexte, une vidéo que j'ai déjà relayée ici, mais qui résume tout...

 

@suivre...

 

09.06.2010

Lettres insolites * LE LIVRE !

Grâce à Mme Foucault, leur professeure de français, les élèves des deux classes de 4ème du collège François Rabelais d'Angers (dont je parlais dans ma note précédente) peuvent désormais montrer leur travail, superbement mis en valeur : leurs Lettres insolites à des objets ont été réunies dans un très beau recueil. Elles sont illustrées de photographies - tantôt d'objets, tantôt des oeuvres réalisées lors de l'atelier d'art postal - prises par Mr Kerrien, le CPE du collège.

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Et si on l'ouvrait ?

Bravo à tous !

 

Par ailleurs, si vous êtes dans la région d'Angers, les oeuvres originales sont exposées en ce moment, et jusqu'au vendredi 25 inclus, à la bibliothèque de Belle-Beille...

 

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Venez vous régaler !
 
 
 
 
 
 
Allez, encore un extrait pour vous mettre en appétit :-)
 
 
 

 

Librairie, le 25 janvier 2010

Mon très cher livre,

Quels merveilleux moments nous avons passés ensemble ! Je me souviens de notre rencontre. C'était dans la librairie de la rue des lecteurs. Tu étais tristement assis de travers, entouré de recueils de poésie et tu avais l'air perdu. Je t'ai emmené avec moi et, depuis, tu ne m'as plus quittée.

Pendant de longues heures, je t'ai tenu tendrement entre mes mains et, en retour, tu m'as fait découvrir ton univers qui m'a fait tour à tour rire et pleurer. J'ai lu en toi comme dans un livre.

Chaque soir, le même rituel, encore et encore. Quand je m'endormais, mes rêves étaient peuplés d'intrigues que tu me racontais. Les aventures que tu avais vécues étaient étonnantes. L'hiver, tu te tenais avec moi auprès du feu. Je me souviens avoir un jour renversé mon chocolat chaud sur toi. Tu n'as rien dit mais tu t'es mis à pleurer. Tu t'es lentement effacé.

Je te dis tout ça mais tu t'en souviens certainement. En fait, je veux t'avouer une terrible nouvelle : je te quitte. C'est terminé. Fini. J'en aime un autre qui me fera découvrir d'autres contrées.

Je suis sincèrement désolée.

Adieu.

Justine

 
 

02.06.2010

Lettre insolite... (suite)

Peut-être vous en souvenez-vous ? J'avais publié ici une lettre insolite. Elle s'adressait à un objet mystère, qu'une lectrice fidèle de ces pages avait aussitôt deviné :-) Bravo Sabrina !

Pourtant, les vrais destinataires de cette lettre étaient tout autres : il s'agissait d'élèves en classe de 4ème au collège François Rabelais d'Angers. Ils travaillaient l'épistolaire et avaient, eux aussi, écrit quelques lettres insolites...

Lors de ma venue au collège, en février dernier, je leur ai donc fait cette surprise. Ensuite, ils m'ont interrogée sur mes Lettres à une disparue, qu'ils avaient étudiées, puis sur la pratique de l'écriture... Ils étaient attentifs, ouverts. Ce fut une belle rencontre.

L'après-midi, d'autres élèves de 4ème leur ont succédé, dans le CDI baigné de soleil. Attentive elle aussi, cette classe est restée deux heures avec moi : la première pour la rencontre littéraire, la seconde pour l'atelier d'art postal. Après l'énoncé de quelques principes de base, les élèves se sont lancés dans "l'illustration sur enveloppe" de ces fameuses lettres insolites écrites par leurs camarades.

Je vous propose de découvrir quelques (petits) extraits - savoureux ! - de ce (double) travail, alors encore en cours de réalisation...

 

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Chère Ampoule,

Il faut que je t'avoue, que je t'avoue tout.

C'était un soir de décembre... Lorsqu'elle arriva à la maison, elle brillait, comme toi au début, te souviens-tu ? Rouge, puis bleue, verte puis jaune, ses couleurs me remplissaient le cœur. Elle me faisait des clins d'œil... Toi, tu commençais à perdre ton éclat, à perdre... ta beauté !

Peu à peu, je me suis attaché à elle et me suis détaché de toi...

Mais la coquine, couleur rouge diable, ne resta pas seule bien longtemps. Un beau soir, je la surpris avec mon meilleur ami, le sapin !

Maintenant mon soleil, ma douce amie, mon amour de toujours, je comprends en t'écrivant cette dernière lettre, à la lueur de ton ultime éclat de lumière, que tu seras toujours la seule à illuminer mon cœur.

Ton amant de toujours, Le chausson de Noël


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Cuisine, 1er septembre 2010


Ma bonne Fourchette,

J'ai coupé toute la journée d'hier. J'ai porté ici mon quartier général, le steak ne m'a pas attendu mais mes lames sont à quelques centimètres de la poêle. La chaleur de la gazinière est extrême, ma santé très bonne, mes dents sont bien affûtées.

Je te souhaite un bon dîner. J'envie le bonheur que j'ai eu l'an passé de te promener sur cette belle table de Noël. J'apprends avec plaisir que tu te portes bien, que la fourchette à dessert t'amuse et te donne des sujets de contentement, pique-la doucement pour moi.

Adieu, ma fourchette, celui qui t'aime bien.

Couteau.

Couteau, Lettres à Fourchettes, 2009-2010.


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Super-U, Rayon fournitures scolaires, le lundi 25 janvier

Chère Plume,

Il y a quelques mois, j'ai appris que tu m'avais trompé. Je me suis senti écoeuré et énervé. Mais aujourd'hui, de l'encre a coulé sous les ponts. Ma pointe ne bat plus pour toi. Veux-tu savoir ce qui m'a consolé ?

C'est la plus grande, la plus belle, la plus émouvante, la plus marrante, la plus gentille, la plus rare mais aussi la plus commune, la plus éclatante, la plus incroyable... C'est... c'est : la colle liquide. Elle m'a fait retrouver le sourire en m'emmenant à un cours de géométrie.

Ne crois pas pour autant t'en tirer à bon compte... Je suis actuellement avec ton amant : Stylo-Bille Rouge. Il a souffert, le pauvre... Les ciseaux m'ont aidé. Ils coupent bien et le petit tube en plastique n'a pas résisté. Tu dois penser que j'ai perdu la pointe mais c'est plutôt lui qui va la perdre.

N'essaye pas de me retrouver ou beaucoup d'encre va couler...

A jamais,

Jack l'Eventreur Compas.

 

J'ai reçu, aujourd'hui, le résultat final... et il est époustouflant ! Bravo à tous, élèves et professeurs ! (Bientôt des photos !)

 

@suivre...