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03.06.2013

Bientôt, très bientôt !



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23.12.2010

Sur ma Grande Vague...

Couvlagrandevague.jpgD'expérience, je peux le dire (maintenant que je suis une vieille auteure jeunesse) : il y a des livres qui portent. Qui vous emmènent plus loin que prévu. Comme Lettres à une disparue - mon premier "bébé de papier" - La Grande Vague semble être de ceux-là.

Une exemple. En octobre dernier, j'ai été contactée par une productrice de la chaîne de télévision publique japonaise (NHK, l'équivalent de France-Télévision) qui m'a dit être très intéressée par mon approche d'Hokusai et du Japon à travers mon album. Elle et son équipe voulaient me rencontrer, m'interroger sur mon travail et, si possible, me filmer en situation d'échange avec des enfants lecteurs de mon livre...

Par chance, il se trouvait justement qu'en décembre, je devais rencontrer une classe des Mureaux qui travaillait sur l'album. Une fois tout le monde averti (enseignantes, directeur d'école, conseillère pédagogique, inspectrice, élèves et parents !) et les diverses autorisations administratives signées, le projet a pris forme, dans la bonne humeur.

Le jour J, l'équipe franco-japonaise de télévision s'est glissée dans la classe en souplesse. Les enfants - des CE2 - m'ont accueillie avec naturel et la rencontre s'est déroulée sans problème : j'ai répondu à leurs questions sur mon livre et mon métier, ils ont chanté une chanson japonaise (oui oui, en japonais !) et lu les histoires qu'ils avaient écrites en s'inspirant, eux aussi, d'estampes d'Hokusai...

 

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Ce fut une belle rencontre ! Si vous souhaitez entendre la chanson qu'ont interprêtée ces enfants avec brio - Miki, la productrice, était épatée ! - suivez-moi par-ici. Je suis sûre qu'en découvrant la traduction des paroles, vous comprendrez pourquoi l'enseignante l'avait choisie pour faire écho à un autre de mes livres, étudié par la classe voisine ! (Que j'aime lorsque tout est pensé ainsi, avec tant de bonheur et de finesse !)

Mais la journée n'était pas finie ! Après ma seconde rencontre - qui donc ne concernait pas La Grande Vague - je retrouvai, dans l'après-midi, l'équipe de NHK chez moi, pour un portrait, suivi d'un entretien...

 

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Merci pour les cadeaux !

(Les gâteaux de haricots rouges sont délicieux ^^)

 

Je tiens à remercier très chaleureusement tous ceux qui ont contribué à la réussite de cette journée : les enfants et leur enseignante, l'équipe pédagogique de la circonscription des Mureaux (78) et enfin Miki et ses deux complices, cameraman et preneur de son, qui ont su transformer ces heures un peu stressantes - je n'aime pas spécialement être filmée ! - en vrais bons moments !

Si tout se passe comme prévu, j'aurai des nouvelles de ce reportage en mai prochain. Il doit être inclus dans une série de trois documentaires consacrés à la perception de l'art japonais à l'étranger. Bien sûr, je vous tiendrai au courant... Mais, d'ici-là, laissez-moi vous souhaiter d'excellentes fêtes de fin d'année !

Qu'une grande vague de bonheur vous éclabousse en 2011 !

 

@ suivre...

 

05.02.2008

Il y a des jours...

Vendredi dernier, je suis allée visiter la très belle exposition de Titouan Lamazou, en compagnie de mon amie Rosa. Nous y sommes restées trois heures. Pas assez pour tout voir, tout lire, tout comprendre. Suffisamment pour recevoir toute la beauté de ces Femmes du Monde en plein coeur.
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Dans le train du retour, j'ai beaucoup pensé à cette résolution prise pour l'année qui vient - et pour les deux suivantes : je ne suis pas pressée et j'aime les nombres ronds ! Plongée dans l'entrelacs de mes espoirs un peu confus, je n'ai pas vu que la pluie cessait de tomber. Sautant du train, j'ai découvert un beau et franc soleil faisant briller le décor encore mouillé de la ville...
À la maison, du courrier m'attendait. Une merveille, calligraphiée. Il y a des jours où la beauté se cache, puis se révèle en tout. Partout.
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Merci, Cécile. Merci infiniment !

(PS : N'oubliez pas de cliquer sur les images... )

 

12.07.2007

Et juste de l'autre côté de la Terre

 

060915bc2be462bc38062029e6c73eb6.jpgIl y a quelques semaines, j'écrivais ici une note concernant Un amour d'enfance, le futur ouvrage collectif publié pour La Charte, aux éditions Bayard.

Il s'agissait de plonger dans ses souvenirs de lecture les plus anciens. Parmi les miens, m'attendait celui d'un album étonnant. J'avais oublié son titre, mais pas son principe, très original : ce livre se lisait dans les deux sens, présentant tête-bêche ce qui se passait au même moment dans deux endroits opposés de la Terre. On y voyait les uns se lever le matin, tandis que les autres allaient se coucher. On y voyait Noël fêté sous la neige et, aux antipodes, sur la plage. Cela m’émerveillait.
Je crois qu'il s'appelait Et juste de l'autre côté de la Terre et qu'il est paru chez Flammarion dans la collection des albums du Père Castor. Mais rien n'est sûr... Si quelqu'un retrouve sa trace, je suis preneuse !
Les heures passées à plat ventre sur le tapis bleu de ma chambre, dans la contemplation de ces paradoxes géographiques, ont-elles influencé ma façon de ressentir les choses aujourd'hui ? Le fait est que j'ai du mal à comprendre, ou admettre, le contraste parfois violent entre ce que je vis ici et ce que vivent d'autres hommes, ailleurs sur la Terre. Pourquoi cette injustice ? Cette question est au coeur de mes romans - la douleur qu'elle me cause en restant sans réponse, le moteur de mon écriture. Je le sais, l'ai compris peu à peu. Mais la question demeure et la douleur aussi... C'est ainsi.
 
Il y a quelques semaines aussi, je prenais des nouvelles de Jocelyn Grange, le reporter auquel j'ai confié la lecture critique du manuscrit de Soliman le Pacifique avant publication et qui en a ensuite rédigé la préface. Je ne l'ai jamais rencontré, car nous avons travaillé par téléphone et courrier. Mais nous échangeons un petit message de temps en temps - je suis curieuse et j'aime savoir ce que deviennent les gens, surtout ceux pour lesquels j'ai une grande estime. J'ai parfois eu des nouvelles de lui par son père, que je connais un peu et qui travaille avec l'une de mes amies les plus chères... "Le monde est petit !" comme on dit.
Après quatre ans passés à Jakarta comme correspondant permanent de RFI, de TV5 et du Figaro - quatre ans durant lesquels il dut notamment rendre compte des dégats du tsunami - Jocelyn est désormais au Tchad, où il dirige la radio d'Abéché, La Voix du Ouaddaï. Voici quelques extraits de son dernier message, en espérant qu'il ne m'en voudra pas de le partager avec vous. Cela pourrait commencer ainsi : "Et juste de l'autre côté de la Terre..."
 

05bcb410181a58bcf5a5a5151865aed7.jpgLa ville est perdue au milieu du désert, on y accède uniquement par avion, des petits coucous à hélices de la United Nations Airlines. Les routes ne sont pas goudronnées et les gens tirent l'eau des puits grâce à des sauts sanglés sur des ânes. Je suis à des millions d'années lumières de Jakarta et des milliards d'années lumières de Paris. Les militaires tchadiens, la face voilée pour se protéger des vents de sable, conduisent des Toyotas équipés de lances roquettes RPG. Ils roulent comme des dingues en envoyant dans le caniveau les quelques motocyclistes locaux. Des rafales de kalachnikovs déchirent souvent  la nuit sans qu'on en sache précisément la raison. C'est le Far East. La région est surarmée et les Janjawid ("les démons à cheval" en arabe) traversent la frontière du Soudan. Ils font des raids pour piller les villages les plus isolés. En résumé : ils tuent les hommes et violent les femmes (ici, on est une femme à 12 ans). Bienvenue au Darfour. Quant aux camps de réfugiés, ça te pulvérise l'âme et le coeur chaque fois que tu y vas.

Je conduis un énorme Mitsubishi et j'habite dans une maison dont l'électricité dépend de l'approvisionnement en fuel d'un générateur vaguement en état de marche. Je n'ai ni télévision, ni frigo, ni air conditionné. Chaque jour est un nouveau combat. Je me lève chaque matin à 6H. Douche froide et petit déjeuner (café, pain, omelette). Je dois être à la radio d'Abéché à 7h30 maxi car les programmes débutent à 8H. Ensuite, c'est une accumulation de  problèmes techniques, de personnels, de gestion à gérer en fil continu. C'est assez épuisant. (...) Fiacre, mon chef de la formation, est très précieux. C'est un Burundais renommé dans son pays. Il fut un des seuls journalistes tutsis à faire des reportages dans les communautés hutus pendant le génocide au Rwanda. Nous serons bientôt rejoints par une consultante chargée de la formation de 6 journalistes tchadiennes et de 12 correspondantes réfugiées (soudanaises). Le recrutement est en cours.

Nous avons en ce moment des problèmes d'émetteur à Abéché. L'antenne lâche en fin d'après midi car les batteries de la machine, installée en haut de la colline à la sortie de la ville, sont trop usagées. J'y suis monté la semaine dernière vers midi sous une température de 40°. Au sommet, on peut voir le désert s'étendre sur des centaines de kilomètres. "Les scorpions, les serpents et les chacals viennent chercher de l'ombre ici  pendant la journée", m'a expliqué Adam Moussa, mon chef technicien. Il a eu l'intelligence de me le dire une fois redescendus.

A 15H, réunion quotidienne au HCR (Haut Commissariat pour les Réfugiés) pour faire le point sur la sécurité (the big issue). On vérifie les radios pour l'appel de 19h30 - "Alfa tango base, etc." Mon pantalon est ceinturé d'appareils téléphoniques en tout genre dont le plus précieux s'appelle Thuraya. Miracle de la globalisation, je peux envoyer des sms en France avec mon cellulaire local.

A 19H, retour à la maison (couvre feux des ONG car très risqué de circuler après la tombée de la nuit). Je branche le générateur pour avoir 3H d'électricité. J'en profite pour écrire mon rapport quotidien à Washington. Je l'envoie avec mon réseau satellite (seule connexion Internet possible). La journée se finit à 20H. Je prends une douche tiède car la température monte jusqu'à 45° la journée (contre 20° la nuit). Repas à 21H, au lit à 22H. Il m'arrive néanmoins, avec Fiacre, de ne pas respecter le couvre feux et de m'attarder à la Radio ou "Chez Fafa", la seule buvette de la ville, tenue d'une main de fer par une Camerounaise bien portante. Ce n'est pas très prudent. Mais comme le dit Fiacre, qui trouve des justifications à tout, "on reste des journalistes dans l'âme".

Nous avons deux autres radios, Radio Absoun dans le Nord-Est, et Radio Sila, dans le Sud-Est. Je dois m'y rendre au moins une fois par mois. J'ai déjà visité Radio Absoun à Iriba, en territoire Zaghawa. C'est pire qu'Abéché en terme de conditions de vie. Je vais dans le sud, apparemment la zone la plus volatile, la semaine prochaine.

Nous diffusons 3 journaux d'information par jour (matin, midi et soir) sur les 3 radios et en 3 langues (Français, Arabe et Zaghawa ou Massalit selon les régions). Nous avons six magazines hebdomadaires (diffusés 3 fois par semaine en 3 langues). "Elles parlent, elles écoutent" est mon émission préférée. Elle raconte la condition des femmes (excision, mariage forcé, violences conjugales, etc.). Mon objectif est de créer 2 nouveaux magazines dans les 5 prochains mois. J'ai déjà une idée assez précise pour le premier d'entre eux. Je voudrais qu'on fasse une chronique de la vie quotidienne dans les camps, histoire de ré-humaniser un peu les réfugiés. Nous sommes très écoutés. D'après un survey du HCR, notre taux de pénétration dans les camps et dans les populations tchadiennes seraient de 75% en moyenne (environ 650,000 personnes en heure de pointe) - ce qui nous a valu la reconduction du financement du HCR pour un an.

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Voilà. Que dire de plus ? Longue vie à La Voix du Ouaddaï ! En souhaitant bon courage à Jocelyn Grange et son équipe. Avec mes pensées les plus fraternelles, qui je l'espère arriveront de l'autre côté de la Terre...
 
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> Pour en savoir plus (mais en anglais) : go to Internews
> Pour lire un article de Jocelyn Grange, c'est .
> Pour lire son livre (Essentiel Milan) sur les Palestiniens, c'est ici.

 

16.02.2007

Adieu, Mr Le Photographe

medium_introduction1.gifJuste un petit message pour vous faire partager ma tristesse. Didier Lefèvre est mort.
Le 27 janvier dernier, le festival international de la bande dessinée d’Angoulême le récompensait, ainsi que ses deux co-auteurs Emmanuel Guibert et Frédéric Lemercier, pour le troisième tome de leur magnifique série. Le 29, une crise cardiaque l'emportait. Il avait 50 ans...
Mais au-delà, je veux vous faire partager autre chose - mon admiration. Ces trois livres, que j'ai plusieurs fois offerts autour de moi, sont vraiment formidables. Au départ, quand on ne connaît pas, on peut être dubitatif. "Un mélange de dessins et de photographies en noir et blanc ? Dans un récit en forme de bandes dessinées ? Qui raconte une mission de Médecins Sans Frontières en Afghanistan ?" Et puis, on tourne la première page, la deuxième, la suivante... et on ne peut plus décrocher. On part, nous aussi, avec lui.
On assiste au choix des chevaux de la future caravane, on observe les gestes, les codes... et on apprend les formules de politesse. On plonge dans la foule des bazars de Peshawar, puis dans celle des soirées du quartier des ambassades. On suffoque en attendant que le groupe électrogène ne prenne le relai de l'électricité défaillante et ne relance enfin la climatisation...
Et puis, un jour, la caravane est prête. Et nous aussi. On va traverser les montagnes, se laver dans l'eau des torrents, peu dormir et marcher beaucoup. On croisera des gens, des regards... autant d'étincelles d'humanité.
On se posera souvent des questions, sur le métier de photographe, celui de médecin. Sur la guerre, sur la vie. On rira et on aura peur, parfois.
On sera là-bas, grâce à lui. Merci, Mr Le Photographe.
(Retrouvez l'univers des albums en cliquant sur l'image. Vous y découvrirez des diaporamas commentés, divers documents de travail - audio, video, graphiques... C'est passionnant.)