[Contenu sauvegardé du blog « Le Courrier d'Honorine » (fermé depuis) ayant accompagné les élèves de l'atelier tout au long d'une année très créative.]
Tous Accros d’Acrostiche !
jeudi 17 janvier 2008
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Suite à la résolution de l’énigme littéraire – et dans l’idée d’écrire des « lettres » en prenant ce mot au pied de lui-même ! – nous nous lançons dans la fabrication maison d’acrostiches. Nous en lisons quelques exemples, puis mettons doucement nos cerveaux en ébullition…
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Mais d’abord, d’où vient ce mot étrange et que signifie-t-il ?
Acrostiche vient du grec akros « extrémité » et stikhos « vers » : c’est un poème dont les lettres initiales de chaque vers forment un mot quand on les lit de haut en bas.
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Quelques exemples lus ensemble :
1- Acrostiche d’un courtisan au Roi Louis XIV
Louis est un héros sans peur et sans reproche
On désire le voir. Aussitôt on l’approche,
Un sentiment d’amour enflamme tous les cœurs.
Il ne trouve chez nous que des adorateurs.
Son image est partout… excepté dans ma poche.
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2- Anonyme (double acrostiche)
Amour parfait dans mon cœur imprimA
Nom très heureux que j’aime bien NoN !
Non jamais, cet amoureux lieN
Autre que mort défaire ne pourrA.
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3- Anonyme
Rivalisant avec Corneille, il nous étonna
Zut ! On l‘accuse !
L‘orientale t‘intéresse.
Gare, idiot ! Dieu existe !
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4- Guillaume Apollinaire, Poèmes à Lou
Lettres ! Envoie aussi des lettres, ma chérie
On aime en recevoir dans notre artillerie
Une par jour au moins, une au moins, je t’en prie…
L‘heure est venue, Adieu ! l’heure de ton départ
On va rentrer, il est neuf heures moins le quart
Une… deux… trois… Adieux Nîmes, dans le Gard.
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5- Willy (une phrase entière)
Musique, tu me fus un palais enchanté
Au seuil duquel menaient d’insignes avenues
Nuit et jour, des vitraux aux flammes continues,
Glissait une adorable et vibrante clarté.
Et des chœurs alternant – dames de volupté
Oréades, ondines, faunes, prêtresses nues –
Toute la joie ardente essorait vers les nues,
Et toute la langueur et toute la beauté.
Sur un seul vœu de moi, désir chaste et lyrique,
Ta fertile magie a toujours, ô musique !
Bercé mon tendre ange ou mon brillant désir.
Et quand viendra l’instant ténébreux et suprême
Tu sauras me donner le bonheur de mourir,
En refermant les bras sur le Rêve que j’aime !
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Et voilà le travail (un aperçu seulement) !
Tout a commencé par le choix du mot formant l’acrostiche. Certains se sont inspirés de l’actualité (bientôt les vacances, Noël) tandis que d’autres ont préféré rester dans l’ambiance de Lettres à une disparue (Melina, Paloma, paix, dictature). Quelques uns ont eu envie de parler de sujets divers qui leur tenaient à coeur, comme l’amour, la tristesse, la difficulté d’écrire, l’ennui, les livres, Paris ou encore le football…
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La Chronique du CDI
dimanche 20 janvier 2008
Conflans le mardi 11 décembre 2007
Cher lecteur du blog,
La classe écriture de 5e6 a commencé ce matin en compagnie de l’auteur, Véronique Massenot, des professeurs Martine Ligier et Cécile Berthet et moi-même, la documentaliste et 14 élèves.
Un coin du CDI est aménagé avec des tables blotties les unes à côté des autres pour se tenir chaud.
Véronique avait, lors de sa visite en tant qu’écrivain, fait cadeau à la classe d’une énigme sous forme d’acrostiche. Donc, aujourd’hui, les élèves vont écrire des poèmes acrostiches en choisissant des mots du roman « Lettres à une disparue ».
Chacun s’empare de son crayon, stylo plume.
Les « grands » passent voir, lisent les trouvailles, commentent, posent des questions. Les poèmes prennent forme.
Difficile de les faire se lever pour la récréation.
Puis, Véronique propose dans une chemise, des trésors de lettres, dessins, mots, photos découpés, de toutes tailles, de toutes couleurs et de toutes matières. Les élèves puisent là pour écrire leur poème sur du papier canson en couleur. Chacun s’applique à écrire avec des feutres argent, or, blanc, jaune, à coller, à découper des lettres, des images…
Entre deux, chaque élève vient dire son poème devant ses camarades. Tout le monde écoute l’orateur, qui s’enhardit de table en table, les réactions des spectateurs sont très spontanées : « super ! j’aime ton idée… »
Après le repas, les élèves reviennent au CDI pour peaufiner les œuvres.
Tout le monde est content.
Merci Véronique.
L’autre moitié de classe va attendre mardi prochain avec impatience. Vous aussi, peut-être, cher lecteur inconnu.
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Françoise Le Corre, la documentaliste
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Zoom sur le Double Acrostiche
mardi 29 janvier 2008
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Lors de notre première séance de travail, nous avions lu ce court poème anonyme, doublement acrostiche :
Amour parfait dans mon cœur imprimA
Nom très heureux que j’aime bien NoN !
Non jamais, cet amoureux lieN
Autre que mort défaire ne pourrA.
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Malik, très créatif, a relevé le défi :
Acrostiche, ce mot qui lui plaira
Comme par hasard, pas moi, Marc
Réajuster peut-être ce mot en un mot que j’aime… « manger«
Ou peut-être « horripiler » ou « Sao Paulo«
Sous la Tour Eiffel de Paris
Tenir dans mes mains un testament
Important malgré lui
Composer au bord d’un lac
Heure a sonné, il faut retrouver Sarah
Et que tout cela finisse…
En voici un autre, anonyme encore, en forme d’hommage à Georges Pérec, formidable écrivain français (1936-1982) qui écrivit tout un roman – La disparition – sans employer une seule fois la lettre « e » ! Vous noterez qu’ici, l’acrostiche se fait ausi… palindrome !
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Les Voeux que Voici…
mardi 29 janvier 2008
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…ont été adressés à la classe de 5ème6 du Bois d’Aulne.
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Avec la Plume {défi relevé}
mercredi 30 janvier 2008
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Lors de notre première rencontre, j’avais lancé un petit défi littéraire aux élèves de 4ème6 du collège Montaigne. Il leur fallait imaginer le poème dont j’avais écrit le seul dernier vers, en forme d’hommage à Paul Eluard et qui faisait ainsi :
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Mais c’est avec la plume blanche d’une colombe,
Oiseau de Paix,
Que j’écris ton nom Liberté !
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Voilà comment ils ont relevé le défi :
Avec la plume de l’Hirondelle, j’écris du ciel pour te prouver mon amour éternel
Avec la plume de la Tourterelle, je te reprouve mon amour et je roucoule pour toujours
Avec la plume du Moineau, j’écris l’amour des tourtereaux et pour le 31, je t’enverrai un cadeau
C’est avec la plume de ton Oreiller que je viens me consoler pour après t’aimer
Avec une plume d’Oiseau Mouche, je t’écris tout petit et je fais mouche
Avec la plume du Hibou, je t’offre un bijou que je te mets autour du cou et je te dis Coucou
Avec la plume de la Mouette, je t’écris sous ma couette, en mangeant des cacahouètes et je deviens poète
Et donc avec la plume du Goéland, je t’écris en verlan un ver(s) galant
C’est avec la plume du Pivert que j’écris ce vers amer, vif comme l’éclair, amoureux de la mer
Avec la plume de l’Autruche, je t’écris en express mes détresses en me cachant la tête
Avec la plume de la poule, je t’écris pour te dire que tu es cool
Avec la plume du coq, je t’écris « vive la France ! » et « Cocorico ! »
Et c’est avec les plumes de tous ces oiseaux que j’écris ton nom, Véronique Massenot
Mais c’est avec la plume blanche d’une colombe, oiseau de Paix,
Que j’écris ton nom liberté !
Les élèves de 4°6, Collège Montaigne
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Donnez-Moi de Vos Nouvelles !
jeudi 31 janvier 2008
Pour la première séance d’écriture avec la classe de 4ème6 du collège Montaigne, je me suis inspirée de l’actualité. J’ai lu un extrait de la lettre qu’Ingrid Bétancourt envoya récemment à sa mère pour prouver qu’elle était en vie. Puis j’ai demandé aux élèves de s’imaginer dans la peau de quelqu’un qui veut joindre une personne, très importante pour eux, mais perdue de vue depuis longtemps ou très éloignée, dans le but d’obtenir d’elle une réponse, des nouvelles – bref, un début de correspondance…
Voici l’extrait de la lettre d’Ingrid Bétancourt :
Parue le 01/12/2007 dans El Tiempo
C’est un moment très dur pour moi. Ils demandent brusquement des preuves de vie et je t’écris, mon âme tendue sur ce papier. Je vais mal physiquement. Je ne me suis pas réalimentée, j’ai l’appétit bloqué, les cheveux me tombent en grandes quantités.
Je n’ai envie de rien. Je crois que c’est la seule chose de bien, je n’ai envie de rien car ici, dans cette jungle, l’unique réponse à tout est « non ». Il vaut mieux donc n’avoir envie de rien pour demeurer au moins libre de ses désirs. Cela fait 3 ans que je demande un dictionnaire encyclopédique pour lire quelque chose, pour apprendre quelque chose, pour maintenir en vie ma curiosité intellectuelle. Je continue à espérer qu’au moins par compassion, ils m’en procureront un, mais il vaut mieux ne pas y penser.
Chaque chose est un miracle, même t’entendre chaque matin, car la radio que j’ai est très vieille et abîmée.
Je veux te demander, Mamita jolie, que tu dises aux enfants qu’ils m’envoient trois messages hebdomadaires (…). Rien de transcendant si ce n’est ce qui leur viendra à l’esprit et ce qu’ils auront envie d’écrire (…). Je n’ai besoin de rien de plus mais j’ai besoin d’être en contact avec eux. C’est l’unique information vitale, transcendante, indispensable, le reste ne m’importe plus (…).
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Et voilà le travail (un aperçu seulement) !
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Les Vœux que Voilà…
jeudi 31 janvier 2008
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…se sont envolés vers la 4ème6 du collège Montaigne.
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Les Vœux sont Faits !
jeudi 31 janvier 2008
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Les élèves de 5ème6 ont pris leurs plus belles plumes…
…et fait leurs voeux pour 2008 !
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Déambulation
jeudi 31 janvier 2008
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Claire Galeyrand, comédienne, anime l’atelier d’écriture du collège des Hautes Rayes. Lors d’une séance, elle invita les élèves à déambuler dans le CDI deux par deux – l’un en aveugle, l’autre servant de guide, et inversement – puis de coucher leurs impressions par écrit. Voici un (petit) aperçu du fruit de ce travail :
Aujourd’hui j’ai rencontré un livre avec des dents, j’ai fait connaissance avec lui, il s’appelait Dracula…
J’ai aperçu un livre vivant, il est tombé tout seul, ou plus exactement tout seul avec l’aide d’Issam… A mon avis, mon gentil p’tit Sammy et lui ont fait connaissance… Je pense aussi qu’ils sont devenus amis car Issam est allé le voir souvent.
J’ai rencontré un livre perdu… Ou alors il jouait à cache-cache, mais en tout cas, il était tout seul, il s’appelait Lou ; j’ai vu aussi Guillaume, il m’a parlé, mais les adultes lui ont dit de se taire ; à mon avis, c’est pour que les livres puissent dormir en paix.
J’oubliais, j’ai rencontré toute une tribu de dictionnaires, ils étaient très furieux, mais ça, ce n’est pas de ma faute, c’est celle de Shona et toutes ses fautes d’orthographe.
J’ai souvent croisé Maëlle, mais elle rigolait sans arrêt, c’est souvent à cause de la moquette.
J’ai aussi rencontré à plusieurs reprises Emeline au rayon Documentaires… je savais qu’elle aimait Napoléon, mais à ce point là… (Léa)
J’ai envie de murmurer une chanson, celle de Superbus qui est appelée << On Monday >>. Mais franchement je n’ai pas envie de faire deux choses à la fois. J’écris, mais pour quoi, là ?
J’écris sûrement ce que me dit cette petite voix logée dans ma tête. Mais bon… C’est un peu flou car je n’arrive pas à savoir ce qu’elle dit parfois. C’est tout silencieux, j’aime pas. Si, j’aime juste quand je ne pense à rien. Mais je pense à quoi ? Non, j’essaie de penser à quelque chose pour ne pas écrire des choses…vraiment débiles ! (Emeline)
Dans la mythologie grecque, il y a des centaures, des sphinx, des minotaures.
Dans les livres de fantaisie, il y a des elfes, des nains, des trolls.
Dans la vraie vie, il y a des tigres, des lions, et nous les humains.
Evidemment, il y a d’autres choses sur la terre, mais il n’y a pas forcément de joie en elles. (Clément)
Le paradis décrit par l’homme est une zone infinie ou les personnes décédées peuvent reposer en paix auprès de Dieu. Il est aussi dit qu’à la mort, l’âme de la personne quitte son enveloppe charnelle puis s’en va haut dans le ciel, avec Dieu pour toujours.
Moi, je ne crois pas en tout cela. Pour moi, Dieu n’existe pas et le paradis non plus.
Selon moi, ce que je crois, c’est qu’à la mort, notre âme se fait une autre enveloppe chaque fois plus belle, chaque fois plus pure. C’est peut être aussi pour ça que les gens disent que certains humain ont le cœur pur…
Moi je crois en mère nature ; d’autres pas. Chacun ses croyances, ses rêves, et vivons en paix avec nous-mêmes… (Guillaume)
Pendant le jeu de l’aveugle, j’ai vu Legolas dans le seigneur des Anneaux ; je me suis baissé pour voir des espèces de singes même si je suis pas sûr que c’était ça. C’était peut être des costumes de cannibales avec des masques rouges, mais c’était bizarre. J’ai vu aussi un clown blanc et un autre noir, comme s’il y avait un méchant et un gentil. Personnellement, je préfère le gentil… (Maxime)
Dans mes rêves, je me vois en héros qui sauve des vies, mais ce héros est différent à chaque rêve. Je ne parle pas de super héros, je parle de héros de la vie de tous les jours, comme un chirurgien qui réussit une opération vitale ou comme une personne banale qui sort quelqu’un des flammes.
Dans mes rêves, j’ai été tout : un policier qui met un terme à une guerre de gang ou même un avocat qui réussit à prouver l’innocence de quelqu’un condamné à perpétuité.
Mais le problème est que dans la vie je ne suis rien de tout cela ; je ne suis qu’un adolescent de 13 ans sans beaucoup d’histoires ou de particularité. (Clément)
Waaaaa ! Que dire de mon voyage… ?
Même si je n’ai vu que du noir, j’ai l’impression d’avoir changé de monde… Si c’est comme ça être aveugle, ça ne dérangerait pas… enfin si un peu…
Je n’aurai jamais pu voir cette magnifique plante que Maëlle m’a montrée…
Peut-être qu’être aveugle, c’est avoir les yeux dans un autre monde… Et peut être que ce monde est tellement beau, qu’ils ne veulent plus revenir…
Je pense que ce monde doit être complètement différent du nôtre… Avec des jolies fleurs roses même en hiver… Non pas comme ça, les garçons ne s’y plairaient pas…
Ça doit être un monde haut en couleur… avec un grand château, comme à DisneyLand… Oui mais le château est rose… mais il y a quand même beaucoup de garçons à DisneyLand… Euh je divague…
Oh mon dieu ! Je suis en train de dire que les yeux des aveugles sont à DisneyLand ! Cooool !! (Léa)
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