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19.01.2007

Message personnel (2)

Destiné aux élèves de 4ème 2 du collège de Cuisery et à leur professeure de lettres : c'est parti !

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15.01.2007

Message personnel (1)

Destiné aux élèves de 4ème 2 du collège de Cuisery et à leur professeure de lettres.

J'ai bien reçu votre courrier, à mon retour de vacances, et vous prépare une réponse - une vraie, manuscrite et sur papier ! Mais, comme vous le verrez si vous feuilletez ce carnet, mon animal fétiche étant la tortue, ne soyez pas avare de votre patience à mon égard...

À bientôt tout de même, avec un grand merci !

 

09.10.2006

Odyssée postale (5)

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ernier épisode. Avec un grand merci à ces (ex) élèves de 6ème (ils sont maintenant en 5ème) et à leur professeure pour ce travail* qui en a étonné plus d'un ! Aujourd'hui, nous lisons une Lettre pour une disparue...

²

Elle est partie sans bruit, discrète et courageuse comme elle l'a toujours été, Pénélope la Patiente. Elle a perdu connaissance au soir. Mon père lui a tenu la main toute la nuit, puis au matin elle est partie pour toujours. C'était il y a une lune. Mon coeur est lourd mais je me sens maintenant prêt à apprendre mon métier de roi auprès de mon père, Ulysse aux mille ruses. Je voudrais aussi écrire notre histoire, celle d'une famille au destin choisi par les dieux. Mais je suis plus habile à manier les armes que le stylet d'or de ma tendre mère. Aussi vais-je le confier à une femme douce et savante qui saura conter les exploits de mes parents, exploits du retour et de l'attente. Ainsi, dans mille ans, deux mille ans peut-être, les hommes liront notre histoire et tour à tour pleureront et se réjouiront.

Qu'Apollon et Orphée inspirent donc la poésie de Véronika la douce et la savante, Véronika au stylet d'or.

Télémaque

 

*Travail réalisé après lecture, en parallèle, de Lettres à une disparue et de l'Odyssée.

05.10.2006

Odyssée postale (4)

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etrouvons Ulysse, notre cher disparu... désormais revenu. Ceci toujours grâce au travail d'une classe de 6ème, après lecture, en parallèle, de Lettres à une disparue et de l'Odyssée.

Lettre à un disparu

ã

Argos, mon cher vieil Argos,

Pénélope, Télémaque et moi, nous sommes tout à la joie de nous retrouver, tout à la joie de la paix et de la justice restaurées.

Mais nous sommes aussi pleins de chagrin : le seul que tu nous aies causé, celui de ton départ.

Humilié par des servantes indignes et des prétendants perfides, errant pendant vingt ans sur des ordures, tu avais pourtant survécu jusqu'à maintenant. Seuls Eumée et Euryclée t'ont nourri comme ils ont pu et ainsi t'ont sauvé jusqu'à mon retour. Puis tu m'as vu, tu m'as reconnu et tu t'es laissé mourrir. Tu as sans doute considéré que tu avais accompli ton devoir - ton devoir de m'attendre - et qu'à présent tout était bien, tu pouvais te retirer au royaume des ombres.

Je place près de toi, contre ta vieille fourrure que j'ai soigneusement nettoyée, cette tablette où j'ai écrit ce message avec le stylet d'or de Pénélope, témoin de votre chagrin et de votre attente à tous les trois.

Salut, mon vieux compagnon,

 Ulysse

 

(@ suivre...)

02.10.2006

Odyssée postale (3)

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uite du feuilleton, réalisé avec le travail d'une classe de 6ème, après lecture, en parallèle, de Lettres à une disparue et de l'Odyssée. Aujourd'hui, deuxième Lettre à un disparu :


Mon cher père,

Tous les jours, une heure durant nous t'attendons ma mère et moi, sur le seuil de notre demeure. En vain. Pendant ce temps, les prétendants qui veulent ta femme et ton trône, mangent les meilleurs de tes porcs et s'énivrent du meilleur de tes vins.

Je suis jeune encore et je ne peux attendre aucun secours des autres rois grecs. Ménélas ne se soucie guère du royaume d'Ithaque alors que tu l'avais soutenu loyalement.

Je suis jeune et je suis seul. Mais je me battrai jusqu'à la mort pour protéger ma mère et ton royaume.

J'ai un faible espoir pourtant. Hier un étranger, un vieillard surgi de nulle part a prétendu avoir de tes nouvelles. Il m'a dit d'être encore un peu patient, que de grandes choses se préparaient. Bientôt j'en saurai plus.

Reviens, je t'en prie,

Télémaque, ton fils aimant et respectueux

 -

(@ suivre...)

29.09.2006

Odyssée postale (2)

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euilleton, réalisé avec le travail d'une classe de 6ème, après lecture, en parallèle, de Lettres à une disparue et de l'Odyssée. Aujourd'hui, Lettre à un disparu :


Mon très cher Ulysse,

Où es-tu, mon tendre époux ?

Pour tout le monde tu es mort et comme chez nous une femme est peu de choses sans son mari, c'est comme si j'étais morte aussi. Moi-même je ne suis pas loin de le penser. Je suis sans cesse au gynécée comme au royaume des ombres et des morts. Mes servantes sont toujours auprès de moi. Certaines me protègent mais d'autres - au moins une - me trahissent auprès des prétendants qui veulent ta place.

Mon tendre Ulysse, où es-tu ?

Peut-être es-tu plus amoureux de la mer que de ta femme qui t'a toujours aimé. Peut-être m'as-tu oubliée pour recommencer à Troie une nouvelle vie. Avec une autre. Peut-être as-tu d'autres enfants que Télémaque. Mais non, il n'est pas possible que tu ne te souviennes pas de ton fils qui veille à présent sur moi comme j'ai veillé sur lui durant son enfance.

Où es-tu, mon tendre roi d'Ithaque ?

Toi qu'on dit "aux mille ruses", trouves-en une pour que nous soyons enfin réunis ! Mon coeur fait route vers toi, où que tu sois, par ce message que je t'écris avec mon stylet d'or - un présent que tu m'avais fait, t'en souviens-tu ?

Ô Athéna aux yeux d'aigue-marine, déesse de la sagesse et de l'intelligence, viens à notre secours et sauve Ulysse, mon bien-aimé, mon disparu,

Pénélope

 

(@ suivre...)

27.09.2006

Odyssée postale (1)

medium_sc_l01.gif'année dernière, j'eus la chance d'être invitée par une professeure de français formidable - et par ailleurs auteure - dans une classe de 6ème, à Paris. Ses élèves avaient lu mes Lettres à une disparue et je venais répondre à leurs questions sur le roman, l'histoire vraie qui me l'avait inspiré, le travail d'écriture...

Bien sûr, je leur parlai de mon amour pour la correspondance. La rencontre fut chaleureuse et lorsque je partis, la classe me promit un petit courrier. "Peut-être en rapport avec l'Odyssée..." - qu'elle étudiait alors.

Plusieurs mois s'écoulèrent. J'oubliai la promesse, rencontrai d'autres classes et d'autres élèves attachants. Puis un beau jour de juin, les lettres arrivèrent chez moi. Comme elles me plurent beaucoup, j'eus envie de les partager. Aussi, autorisation prise auprès de leurs auteurs, je vous en propose la lecture... sous forme de feuilleton ! Voici le premier épisode ; il y en aura cinq en tout.

 

Chère Véronique,-

Comme Pénélope, il faut être patiente car tu vois : tout arrive. Non, ton passage à Rocroy n'est pas tombé dans l'oubli, une semaine recouvrant l'autre de préoccupations nouvelles. Il fut même un temps très fort de notre année et nous tenons à t'en remercier par un petit travail d'écriture que nous te dédions. Comme nous avons étudié l'Odyssée, il nous a paru intéressant d'imaginer la lettre que Pénélope pouvait écrire à Ulysse, grand spécialiste de la disparition prolongée. Seulement de fil en aiguille et de disparu en disparu, notre travail a pris plus d'ampleur et donc plus de temps, que ce qui était prévu à l'origine.

Nous espérons que ces quatre lettres, synthèse de tous les travaux d'élèves de 6ème 4, te plairont et t'amuseront (te tireront une petite larme, peut-être...).

Encore une fois merci pour le temps que tu nous as consacré.

Nous t'embrassons fort.

La classe de 6ème 4 et leur professeur, Hélène Delprat.

 

(@ suivre... dans Le courrier des lecteurs)

23.05.2006

- Deux boîtes aux lettres, deux !

Samedi soir, je suis rentrée du Salon du Livre d'Agen, des cadeaux plein les bras : un joli livre d'or, des petits mots, des dessins et deux grandes boîtes aux lettres... pleines de courrier !

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J'avoue ne pas en avoir lu encore tout le contenu, mais je promets de rendre compte de ces futures lectures ici. Et par ailleurs, je n'oublie pas non plus les courriers de Mejda, Sabrina, Claire et Cassandra. Ils sont arrivés dans ma "vraie" boîte aux lettres, depuis plus d'un mois déjà ! Je suis en train d'y répondre "pour de vrai" - c'est-à-dire sur papier, en m'appliquant beaucoup.

À très bientôt, donc !

11.05.2006

Soliman en Suisse

Petite fierté. Sur le portail officiel de l'éducation suisse, Soliman le Pacifique est à l'honneur. Juste entre Le chat de Tigali de Didier Daeninckx et  Persépolis de Marjane Satrapi ! Référencé aux mots-clés "droits humains", "éducation à la paix" et "racisme et exlusion", il est proposé à l'étude en cours d'histoire, de français et d'éducation à la citoyenneté. En voici la présentation :

 

Ce livre permet de découvrir la vie quotidienne du peuple palestinien. Une brève présentation rappelle le contexte historique et les conditions de la création de l'état d'Israël en 1948 puis la difficile recherche d'un processus de paix viable depuis 1993.
Ce que Soliman raconte, c'est l'absence d'espoir, la rencontre impossible entre deux communautés pourtant proches l'une de l'autre, l'alternative entre haine et colère. Le héros prend le parti d'exprimer sa rage en jetant des mots sur des pages plutôt que des cailloux sur les hommes.

 

Par ailleurs, ce livre fait partie du kit DIGNO, une malette de livres de littérature jeunesse avec dossier pédagogique, destinée à aider les établissements scolaires à monter des projets de sensibilisation des élèves au racisme et à la discrimination. Pour plus d'informations, cliquez ci-dessous.

 

Digno – Neuf livres pour aborder la discrimination

 

 

08.05.2006

Livre d'Or

Merci de tout coeur aux 4èmes B du collège René Cassin de Loos-en-Gohelle (62) !

Compliment, découverte, prise de conscience, questionnement... Voici quelques extraits du Livre d'Or qu'ils m'ont écrit après avoir lu mes romans - et offert lors d'une rencontre, le 4 mai dernier :

 

Vous m'avez fait découvrir un genre de livre que je ne connaissais pas et donné l'envie d'en lire d'autres. Christina

 

Ces deux ouvrages m'ont fait réfléchir sur les drames qui se déroulent, encore maintenant, à l'étranger. Clément

 

De ces deux livres, je n'ai pas de préféré parce qu'ils sont géniaux tous les deux. Bravo ! Manon

 

Vous m'avez fait comprendre la chance que j'ai d'habiter dans un pays qui ne viole pas les droits de l'homme. Kevin

 

J'ai été révoltée par la souffrance des enfants qui subissent les conflits des adultes. Ils n'y sont pour rien ! Constance

 

J'ai découvert que mes problèmes n'étaient rien par rapport à ce qui se passe dans des pays en conflit ou soumis à une dictature. Thomas

 

Peut-on réparer les souffrances que les tortionnaires ont infligés à des personnes innocentes ? Constance

 

Les enfants israéliens et palestiniens se donneront-ils un jour la main ? Je l'espère. Antoine

 

 

21.03.2006

À la moulinette de Proust

Le  23  février  dernier,  je rencontrais deux classes de collège à Maurepas, dans les Yvelines. Les élèves avaient lu Lettres à une disparue et préparé de grands panneaux, disposés dans la documentation. Dessus, entre autres choses, des affiches entières de questions, dont certaines empruntées au fameux "questionnaire de Proust".

À la vue de celles-ci, soudain, j'ai senti remonter en moi une vieille angoisse oubliée, l'angoisse de l'interro surprise ! L'éternelle collégienne cachée tant bien que mal sous mon masque d'adulte fut aussitôt tentée d'implorer l'indulgence - voire la pitié - de ses examinateurs. Au secours ! Je n'ai pas révisé, moi ! Je ne sais pas quel est mon principal défaut - j'en ai trop ! Ni comment j'aimerais mourir. Et si la couleur que je préfère est tantôt le rouge, tantôt le noir, je n'ai pas fait mienne la moindre petite devise... La honte intégrale !

Prenant sur moi, tentant vaguement de réajuster mon masque, j'ai tout de même essayé de répondre, le plus honnêtement possible. Voyant que peu à peu je rentrais dans le jeu, de nouvelles questions se mirent à fuser... Et mes réponses aussi ! Finalement, l'échange eut du rythme et il fallut l'interrompre pour passer à la suite.

Ainsi me suis-je entendu dire que ma fleur préférée demeure la pivoine - ce qui n'a rien d'étonnant pour une grande timide rougissant à tout bout de champ ! - et que j'aimerais mourrir tout en le sachant, le temps de dire adieu à ceux que j'aime...

 

De Proust à Frankenthal

À la question "Quel est votre héros dans la vie réelle ?" j'ai un peu hésité, cherché dans le passé... Puis, tout à coup, j'ai pensé à un homme dont je venais tout juste de découvrir l'existence, grâce à l'association Shalom Arshav (La Paix Maintenant). Cet homme s'appelle Itzhak Frankenthal. Il est israélien, juif orthodoxe et en 1994, il a perdu son fils Arik, assassiné par des militants du Hamas. Face à ce drame personnel, inscrit dans un drame évidemment bien plus grand, cet homme a réagi d'une manière extraordinaire : "Je n’ai pas voulu devenir un autre de ces parents endeuillés qui ont perdu un enfant et qui soutiennent cette même politique qui a causé sa mort. Je n’ai pas voulu cela."

Aussi a-t-il liquidé sa société et utilisé les fonds pour créer une association de parents endeuillés - palestiniens et israéliens - vouée à la réconciliation entre les deux peuples. Les parents se sont rencontrés, ont pleuré ensemble, puis sont allés porter le message de l’acceptation mutuelle dans les écoles et dans d’autres institutions, en Israël, mais aussi à Gaza et en Cisjordanie. Ces actions conduisent Itzhak Frankenthal à rencontrer des Palestiniens de tous horizons, y compris de nombreux militants du Hamas. L'échange n'est pas toujours facile, bien sûr : "Certains de ces gars-là hurlent avec une telle colère... Ils n’ont pas l’occasion d’exprimer leurs émotions à un Israélien. Mais la colère, c’est si proche d’une douleur insupportable que souvent, ils hurlent jusqu’à ce qu’ils s’effondrent en larmes."

Ces paroles m'ont beaucoup touchée. Comment ne pas les rapprocher de ce que j'ai écrit dans Soliman le Pacifique (Journal d'un enfant dans l'Intifada) ? Nora, la grande soeur de Soliman, comme lui pacifiste, se désespère. Puis Rouslan, l'ami de toujours, lui répond...

-

"(...) Nous, on voudrait que ça change. Mais on ne sait pas comment faire ! Tous les autres, ceux qui veulent la guerre, la vraie, hurlent plus fort que nous. La paix, la fraternité, toutes ces idées généreuses ont l'air tellement utopiques face aux cris de vengeance...

- Parce qu'elles demandent aux hommes des trésors de sagesse, a dit Rouslan. Pour faire la paix, il faut essayer de comprendre l'autre. Il faut donc l'écouter. Et cesser de crier... Mais cesser d'avoir mal ne se décide pas. Or, nous avons mal. À notre identité, notre histoire, notre terre. C'est pourquoi nous crions..."

-

Aujourd’hui, Frankenthal s’est engagé dans un nouveau projet, l’Insititut Arik (http://www.arikpeace.org/Eng/), grâce auquel il veut faire comprendre à ses compatriotes que "les Palestiniens réagissent aux souffrances que leur inflige l’occupation. Une fois l’occupation terminée, les deux peuples seront en mesure de vivre côte à côte, dans la coexistence et la stabilité". Pour les convaincre, il consacre aujourd’hui sa vie à encourager les Palestiniens à envoyer ce message. Seuls les Palestiniens, pense-t-il, peuvent faire comprendre aux Israéliens qu’ils ne sont pas une espèce à part, qu’ils ne sont ni intrinsèquement violents ni emplis de haine, mais des gens comme eux.

Son histoire personnelle lui donne la légitimité nécessaire pour porter ce message. "Mon fils, Arik, est né dans une démocratie. Il avait une chance de connaître une vie normale, tranquille. Il adorait sa vie, et pensait par ailleurs qu’il fallait que nous parvenions à faire la paix avec les Palestiniens, sans quoi nous ne survivrions pas. L’assassin d’Arik est né dans une occupation terrible, subissant humiliation après humiliation, une sorte de chaos éthique ; Si mon fils était né à sa place, il aurait pu finir par faire la même chose. Que tous ceux qui sont sûrs de leur bon droit, qui parlent de la cruauté des meurtriers palestiniens, se regardent bien dans le miroir."

Ces mots-là aussi font écho à Soliman, qui s'interroge :

-

Pourquoi notre histoire n'émeut-elle personne ? (...)

Aucun homme, sur la terre, ne peut accepter cela sans colère. Subir et se taire.

(...) Nos grands-parents ont été chassés de chez eux, nos parents se sont révoltés en vain. Maintenant viennent les enfants... et même en nous élevant loin des sentiments de haine, de vengeance, on ne peut empêcher la colère d'être là. De germer dans les coeurs. De couleur dans les veines. On peut mettre en garde contre elle, on ne peut pas faire qu'elle n'existe pas.

Souvent, je me demande si je penserais pareil si je n'étais pas palestinien.

C'est drôle à dire, ou plutôt, c'est étrange... parfois j'essaie d'imaginer que je suis juif et que je vis en Israël. Eprouverais-je alors la même compassion ? Notre douleur me révolterait-elle autant ?

Tout au fond de mon coeur, dans mon for intérieur - et je le jure sur la tête de ma Yaya - je suis sûr et certain que oui.

--

Sans doute comprenez-vous pourquoi l'engagement d'Itzhak Frankenthal me touche... Si cette question vous intéresse aussi, je vous invite à lire l'article passionnant qui concerne son action sur le site de Shalom Arshav.

Quant à Proust, si vous voulez connaître ses propres réponses au fameux questionnaire, il faut aller ici. Vous y verrez que lui non plus n'avait pas de devise... Ouf ! Merci, Marcel !

 

16.02.2006

Avec ma sacoche de factrice

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Après les fêtes, j'ai repris le chemin des classes, un chemin souvent ferroviaire. C'était le 20 janvier dernier. De bon matin, ma sacoche de factrice en bandoulière (ma belle besace des POSTES flambant neuve, cadeau de Noël de mon amoureux) j'ai sauté dans le transilien. Destination Montlhéry, dans l'Essonne. Après le train, le métropolitain. Correspondance avec le RER, à la station... Bibliothèque !

Là-bas, au collège Paul-Fort*, on m'attend avec le sourire... et le petit-déjeuner ! Du thé, du café, des croissants. Sympa ! Mais, bien que je sois en avance, les élèves, eux aussi, sont déjà là - si impatients qu'ils ont séché la fin de leur cours précédent, jurant que c'est à la demande expresse de leur professeure de Français. Celle-ci, arrivant après eux, tombe des nues. Le surveillant n'est pas content. Il y a de la sanction disciplinaire dans l'air...

L'ambiance est donc un peu tendue. Au début. Mais elle va se détendre. Les élèves m'ont préparé une surprise - voilà sans doute ce qui les rendait si pressés ! Neuf lecteurs volontaires ont choisi leur passage préféré parmi les neuf lettres de mon roman. Chacun se lève à son tour et lit. Des filles et des garçons. Certains, nerveux, vont vite vite vite... et d'autres, plus sûrs d'eux, prennent leur temps. Pour moi, c'est toujours émouvant.

Cela peut paraître un peu bête - ou cabotin, peut-être... j'espère que non ! - mais il y a des phrases, que j'ai pourtant écrites depuis un moment, qui me font encore venir les larmes aux yeux lorsque je les entends... Est-ce bien normal, docteur ? La honte ! C'est ma hantise, cette vague d'émotion qui me monte à la gorge devant tous ces yeux inconnus, si attentifs et généreux. Bien sûr, je lutte. Comme je peux. Mais, du coup, mon attention se relâche. Tenter d'endiguer mon trouble m'occupe soudain toute entière. Et je me sens coupable ! Car les élèves, eux aussi, font souvent de très gros efforts pour prendre la parole ainsi - devant moi et devant les autres, la classe, les professeurs, la documentaliste, parfois le chef d'établissement. Aussi méritent-ils une belle attention.

Heureusement, viennent ensuite les questions. Dans le dialogue, le courant passe. Bien. Très bien, même ! Les deux rencontres sont un succès. Tout le monde est ravi, me fait des compliments. Je ne peux pourtant pas m'empêcher de me demander... Les élèves se sont-ils aperçu de mon trouble, pendant la lecture ? Et les adultes, derrière moi ? Je ne sais pas. Et puis, je ne suis pas si sûre de vouloir le savoir ! Alors, je range cette question sans importance tout au fond de ma sacoche de factrice - et en route pour la gare !

 

[*Paul Fort, surtout connu pour son poème mis en musique et chanté par Brassens - Le petit cheval dans le mauvais temps - est mort à Montlhéry (prononcer "mon léri") en 1960. Voici, en bonus, les paroles de la chanson qu'écrivit Brassens pour célébrer le poète à sa mort.]

 

Tous les oiseaux étaient dehors
Et toutes les plantes aussi.
Le petit cheval n'est pas mort
Dans le mauvais temps, Dieu merci.
Le bon soleil criait si fort :
Il fait beau, qu'on était ravis.
Moi, l'enterrement de Paul Fort,
Fut le plus beau jour de ma vie.

On comptait bien quelques pécores,
Quelques dindes à Montlhéry,
Quelques méchants, que sais-je encore :
Des moches, des mauvais esprits,
Mais qu'importe ? Après tout ; les morts
Sont à tout le monde. Tant pis,
Moi, l'enterrement de Paul Fort,
Fut le plus beau jours de ma vie.

Le curé allait un peu fort
De Requiem à mon avis.
Longuement penché sur le corps,
Il tirait l'âme à son profit,
Comme s'il fallait un passeport
Aux poètes pour le paradis.
S'il fallait à Dieu du renfort
Pour reconnaître ses amis.

Tous derrière en gardes du corps
Et lui devant, on a suivi.
Le petit cheval n'est pas mort
Comme un chien je le certifie.
Tous les oiseaux étaient dehors
Et toutes les plantes aussi.
Moi, l'enterrement de Paul Fort,
Fut le plus beau jour de ma vie.

 

 

13.02.2006

Le Quotidien de la Liberté

medium_quotidiendelaliberte.jpgEn février 2000, je suis partie à la rencontre de plusieurs classes de collège, dans le Nord et le Pas-de-Calais. Chacune de ces classes m'avait préparé un accueil très personnel et j'en garde, aujourd'hui encore, un souvenir extraordinaire.

 

L'une d'entre elles m'a offert Le Quotidien de la Liberté, qu'elle avait entièrement rédigé à partir de ses recherches ou en imaginant l'interview de Nina. En voici quelques extraits :

 

LE COMBAT DES "FOLLES DE MAI"

Depuis le 18 avril 1977, les mères des "disparus", les soeurs des "disparus", les grands-mères des "disparus" tournent autour de la Place de Mai. Elles tournent et tournent chaque semaine, les "Folles" de la Place, avec leurs foulards blancs sur la tête, qui symbolisent les langes de leurs enfants. Chaque jeudi, à 15 h 30, elles tournent dans le sens contraire des aiguilles d'une montre, comme pour arrêter la machine à oublier.

En 1992, Hebe de Bonafini et ses compagnes, les Mères de la Place de Mai, ont reçu, du Parlement européen, le Prix Sakharov pour la liberté de l'esprit.

 

TRISTE BILAN

Sous la dictature militaire en Argentine (mars 1976 - décembre 1983) des milliers de personnes ont disparu, dont de nombreux enfants.

Les "Folles de la Place de Mai" - un surnom attribué par les dictateurs - avancent le chiffre de 500 enfants et adolescents disparus, mais elles n'ont que 117 dossiers bien établis.

Plus de 150 enfants seraient nés dans les camps de détention clandestins. Ces bébés ont été enlevés à leurs mères peu après la naissance - celles-ci ayant été assassinées - et, dans la majorité des cas, pris et "adopté" tout à fait illégalement par des couples dont le mari était dans l'armée, la police ou la justice au moment des faits. D'autres enfants ont été enlevés en même temps que leurs parents par les forces de sécurité. Ils ont été abandonnés dans la rue et recueillis par des voisins ou confiés à des orphelinats. Certains ont été assassinés, comme leurs parents.

Interrogé sur la raison de ces enlèvements, le Général Camps, l'un des chef de la junte qui reconnaît avoir fait disparaître 5 000 personnes, donne la réponse suivante :

"Personnellement, je n'ai éliminé aucun enfant. Ce que j'ai fait, c'est en remettre quelques uns à des organismes charitables pour qu'ils leur trouvent de nouveaux parents. Les parents subversifs élèvent leurs enfants pour la subversion. C'est ce qu'il faut empêcher."

 

Bilan provisoire : 63 enfants ont été retrouvés, 32 sont avec leur famille légitime, 13 vivent avec leur famille adoptive dites "de bonne foi" (ils ont retrouvé leur nom, connaissent leur histoire et ont de bonnes relations avec leur famille légitime), 8 ont été retrouvés assassinés, 6 cas sont entre les mains de la justice.

12.01.2006

L'arbre à mots

Le vendredi 16 décembre dernier, invitée par une jeune professeure de lettres, je suis allée rencontrer une classe de 4ème au collège de Limay.

 

Cette classe avait étudié mes Lettres à une disparue et voulait savoir comment m'était venue l'idée d'un tel roman : pourquoi ce sujet douloureux, pourquoi la forme épistolaire, pourquoi ne pas situer l'histoire, ni dans le temps, ni dans l'espace...

Puis vient l'inévitable : "pourquoi écrivez-vous ?"

Bien sûr, depuis quelques années que je rencontre "mes" lecteurs, ces questions-là, on me les a déjà posées de très nombreuses fois. Et pourtant - je le jure ! - j'y réponds toujours avec le même plaisir, la même sincérité. Le même doute aussi : suis-je si sûre de mes raisons ? Chaque fois, la question reprend tout son sens. Elle fait le chemin avec moi.

Et mes réponses sans doute évoluent...

 

Ensuite, la discussion s'est élargie à mon second roman, Soliman le Pacifique (Journal d'un enfant dans l'Intifada) que certains connaissaient. J'aime expliquer pourquoi je vois ce livre comme la suite "logique" du premier. Comment ces deux projets-là se répondent, se complètent... et parfois s'opposent. J'aime aussi raconter la genèse chaotique de ce journal - qui n'en fut pas un tout de suite. Trois années de travail, trois versions différentes ! Avec au bout, pour moi, le sentiment d'avoir enfin - et chèrement - acquis ces galons d'écrivain que l'on m'avait prêtés bien vite à la parution de mes Lettres.

 

Avant de nous quitter, la professeure nous propose un petit jeu littéraire. L'ensemble des élèves d'un côté, moi de l'autre, nous tracerons notre "arbre à mots". Le principe est simple : il s'agit d'exprimer les idées fortes, celles qui marquent la mémoire d'une lecture, d'un échange, d'une rencontre... Voici le leur.

 

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Ils me l'ont gentiment dédicacé, puis offert. Le mien trône, paraît-il, en bonne place dans leur salle de classe.

Merci, Anne-Elisabeth et merci, la 4ème 3 !