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08.03.2014

Femmes du jour

F3t.jpgEn ce 8 mars, où l'on célèbre chaque année la moitié de l'Humanité dont par hasard je fais partie, j'ai très envie de rendre hommage aux femmes qui s'engagent et qui luttent.

Certaines le font parce qu'elles n'ont pas d'autres choix : pour elles, c'est une question de survie. D'autres, qui pourraient se contenter de vivre un quotidien plus facile et plus confortable, choisissent de le faire. Sans doute ces dernières diraient que, pour elles aussi, nécessité fait loi : comment supporter de rester sans réaction, alors qu'elles ont connaissance de telle ou telle situation, particulièrement injuste ?

Je pense notamment à la Coalition Internationale des Femmes contre le blocus de Gaza. Parties rejoindre, pour le 8 mars, les Gazaouites à l'origine de cet appel au secours, elles ont été stoppées à l'aéroport du Caire et n'ont pas pu - comme c'était à prévoir - entrer à Gaza. Medea Benjamin, co-fondatrice de l'organisation CODEPINK et leader de la délégation a fait les frais de son engagement solidaire. Et elle n'est pas la seule. Je suis évidemment de tout cœur avec elles... et vous invite à lire l'article paru dans Métro jeudi dernier : "Si Gaza était une femme".

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Par ailleurs, je veux profiter de cette note pour exprimer ma colère sur un tout autre front, géographiquement plus proche de moi celui-là puisqu'il se trouve ici, où je vis, dans la France de 2014 - ce qui me semble à peine croyable.

Alors non, je ne vais pas vous parler de Tous à Poil ! même si l'envie de le faire fut forte ces derniers temps. Mais comme je partage en tout point l'avis de Denis Cheissoux, ce sera plus simple (et beaucoup plus amusant) pour vous d'écouter ce qu'il en a (très bien) dit sur France Inter...

Ce qui me met en rogne, ce sont toutes les bêtises colportées autour de cette pseudo "théorie du genre" et de son hypothétique enseignement à l'école. Je m'interroge... Les gens qui diffusent ces rumeurs sont-ils de bonne foi ? Croient-ils réellement ce qu'ils disent ou cherchent-ils à manipuler les autres ? Mais au fond, peu importe - le résultat est là. Et, sur ce sujet comme sur d'autres hélas, j'ai le sentiment que nous sommes face à un défi de taille : parvenir à penser la complexité.

C'est un fait, la rapidité de réaction que nous offrent nos moyens de communication actuels nous conduit à aller au plus court, plus simple, plus "choc". Pour certaines choses, oui, c'est vraiment bien, utile et intéressant. Mais pour d'autres... assez dangereux, voire très inquiétant. Concernant cette histoire de "genre", pensez-vous que les excités qui se sont lancés tête baissée dans ce faux combat ont pris la peine de lire cet article ? Écrit par des universitaires, il démonte consciencieusement la rumeur point par point puis explique ce qu'est le concept de "genre" - un outil théorique, scientifique, pour étudier les sociétés passées ou présentes, proches ou lointaines, et la répartition des rôles au sein de celles-ci. Personnellement, j'en doute.

Il est très rare que je parle politique ici, mais comment ne pas réagir devant ces affiches de la Manif Pour Tous, qu'à première vue j'avais cru parodiques ?

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Parfois, j'avoue : face à ce genre (!) de... de... - je cherche le mot suffisamment fort pour faire écho à l'ampleur de mon désarroi et je ne trouve pas - je me sens désarmée. Oyez, les gars-les filles ! Ni épée, ni baguette magique : ce qu'il vous faut, c'est un cerveau (et puis vous en servir) !

Ce qui est positif, peut-être, dans ce grand coming out rétrograde et décomplexé, c'est qu'il aura réveillé la conscience féministe de quelques uns, qui pensaient ces combats gagnés une fois pour toutes. Non seulement il faut parvenir à penser la complexité, mais aussi le mouvement. C'est épuisant... mais passionnant, finalement, non ? (Comme la vie, quoi.)

Pour conclure, je vous offre une jolie photographie de nuit. Elle a été prise avant-hier par le fils d'un ami, qui m'a autorisée à la publier ici - ce dont je le remercie fraternellement. Il s'agit du QG de campagne de la candidate "divers droite" des Sables-d'Olonne... 

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Hum... Quand j'écris "rétrograde et décomplexé" vous voyez ce que je veux dire ?

* 

26.02.2009

Retour à Gaza

Peut-être vous souvenez-vous de ma note du 13 janvier dernier. J'y exprimais mon désarrois devant ce que subissaient alors les habitants de Gaza. Suite à sa mise en ligne, j'ai été invitée à participer au collectif paru cette semaine chez La boîte à bulles dans la collection "Contre Coeur". Cet ouvrage hybride et conçu dans l'urgence n'en est pas moins remarquable. (J'écris cela en toute franchise, car ma contribution y est vraiment ultra modeste - juste une illustration.)

Hybride - parce qu'il rassemble des témoignages directs, des dépêches AFP, des éléments d'histoire et de géographie, des interviews, des textes de journalistes et d'universitaires... le tout accompagné de dessins de presse, de BD, d'illustrations et de photographies - mais pas fouillis pour autant ! Tout est classé chronologiquement : les faits, les réactions, les analyses et mises en perspective.

Conçu dans l'urgence - parce qu'il est né fin 2008, dans le cerveau (et le coeur) d'un jeune illustrateur qui n'arrivait plus à se concentrer sur son travail et s'est mis en quête de ceux qui pourraient lui (et nous) donner quelques réponses à ses lancinants "pourquoi ?" - mais pas "vite fait" ! Le résultat est impeccable. Connaissant le travail que cela représente, je suis admirative !

Bien sûr, il y figure quelques "pointures" - telles que Rony Brauman, Michel Warschawski, Alain Gresh, Simone Bitton ou Pierre Stambul - que je connaissais déjà pour m'intéresser à ce conflit depuis longtemps. Mais c'est aussi l'occasion de découvrir d'autres voies, tout aussi fortes et intéressantes : celle d'Anne Paq, photographe française qui travaille en Cisjordanie, m'aura personnellement beaucoup marquée.

 

Place aux images...

(cliquez dessus pour agrandir)

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Couverture de Maximilien Le Roy
Témoignage de Salma Ahmed mis en images par Thomas Mathieu
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Photographies de Tess Scheflan et Karen Manor
Bande dessinée de Louïc
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Carnet de voyage en Palestine de Bruno Pilorget
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Photographie de Maxence Emery
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Le Cri de Gaza (ma contribution) qui par hasard fait écho à...
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...celle de Soulman


Pour en savoir davantage, suivez ces quelques liens :
> La présentation de l'ouvrage sur le site de l'éditeur.
> Deux critiques en ligne sur bdtheque.com.
> Le blog de Maximilien Le Roy, dessinateur à l'origine du projet.
> Une chronique sur le site de rfi (in english)

PS : Je dédie cette note à Laurence... avec mon @mitié !

13.01.2009

Cher Journal,

C'est la nuit noire. Je me relève pour écrire. Plus fort que moi. Je ne peux pas dormir. Je guette tous les bruits. Dedans, dehors. Je ne sais pas pourquoi. Comme si j'y étais obligé. Pourtant, personne  ici ne dort, j'en suis sur.
Yaya ?
Je jurerais que non.
Un jour, elle a dit qu'avec l'âge on perdait le sommeil.
On vieillit vite, ici...
Rouslan, lui non plus, ne dort pas. Il se tient assis devant sa fenêtre. Au dessus de ma chambre. Je l'entends qui bouge de temps en temps. Il se tue les yeux à lire ou à écrire.
Comme moi...
Ah, la belle armée que voilà ! Tremblez, soldats ! Sur vos chars, dans vos hélicoptères ! Tremblez devant les glorieux insomniaques ! Voyez ces braves fantassins, comme ils manient bien le stylo ! Admirez-les, qui versent du sang d'encre plein leurs champs de bataille en papier quadrillé !
Qui dort en ce moment ? Qui peut dormir encore ? La peur, la haine et le malheur au ventre. Qui peut accomplir ce prodige ? S'abandonner, confiant, dans les bras du sommeil...
Un fou ? Un sage ? Un innocent qui ne sait rien, ni de la vie, ni de la mort. Un enfant, peut-être ? Un nouveau-né, alors. Le bébé d'Assia en sait déjà trop. Il tète la révolte au sein d'Assia et sent les bombes frôler son berceau. Trop tard ! Le voilà sur la liste des abonnés aux cauchemars...
Et mes soeurs, dorment-elle ?
Je ne sais pas. Nous ne parlons pas de cela. Nous ne parlons pas non plus d'autre chose. Nous ne nous parlons presque plus.
Le désespoir, la peur et la colère, ça pèse lourd dans nos poitrines.
Ça les écrase, les mots.
Ça les étrangle...
Pauvres mots ! Ils sont à notre image, sans force et désarmés. Ils restent là, tapis dans le noir de nos coeurs, comme de petits animaux traqués.
Parfois, ils s'impatientent, palpitant de l'envie de dire ce qu'ils savent de nous. Mais il ne peuvent plus s'échapper de nos bouches. Ils essaient quelquefois, n'y arrivent jamais. Ne parviennent plus à se hisser jusque-là...
Heureusement, tu es là, cher Journal.
Dès que je t'ouvre, les mots reviennent. Me coulent du coeur à la main. Je me demande ce qui leur donne ce courage.
Le silence, peut-être...
Car user de la voix, c'est risquer de crier d'effroi.

Extrait de Soliman le Pacifique (Journal d'un enfant dans l'Intifada)


Ayant lu ces quelques lignes, peut-être comprendrez-vous mieux pourquoi j'ai tant de mal à célébrer l'année qui vient, à vous faire partager rêves et projets "comme si de rien n'était"...
Je pense aux cousins de Samy, à tous les petits Soliman, qui (sur)vivent (?) à Gaza. Et mon coeur tremble avec les leurs, tétanisé par la fatigue de toujours espérer en vain. Par la tristesse, immense. Et ce sentiment poison d'impuissance.
Désolée de plomber l'ambiance...

Ça les écrase, les mots.
Ça les étrangle...

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(La Paix Maintenant)


> À suivre, Gaza Sderot Blog (via Arte.tv) et toujours les sites de Shalom Arshav et de la CCIPPP.