Rechercher : bouts du monde
Souvenir des Mureaux (2)
Non, je n'avais pas mis mon sari bleu - vous le verrez bientôt, promis-- mais mon pull rouge...
...et apporté tout plein de livres, dont certains en chinois, coréen, anglais, allemand ou espagnol. Car la lecture, comme l'écriture, ouvre grand les portes du monde !
Alors, les enfants des Mureaux, leurs enseignantes et moi, nous sommes partis ensemble, tantôt sur un doux nuage, tantôt portés par une grande vague d'amour... Et l'aventure n'est pas finie : rendez-vous dans un mois-!
@ suivre !
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22.11.2012 | Lien permanent
Lotus ou nymphéas ?
"Qui plante un jardin, plante le bonheur." Proverbe chinois
À Bintan, poussent aussi quelques nymphéas...
Mais c'est bien plus près de chez moi, en France, dans le département de l'Eure, que fleurissent les nénuphars les plus "courus" du monde !
Sans doute Claude Monet fut-il un homme plus qu'heureux...
Et, pour connaître la différence entre lotus et nymphéas - si la question, du moins, vous intéresse ! - vous pouvez me suivre par-là !
Belle journée et à bientôt :-)
13.08.2010 | Lien permanent | Commentaires (1)
Arrivée à temps...
...pour l'exposition d'art postal du Centre d'Artistes de Rawdon, au Québec !
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EXPOSITION INTERNATIONALE D’ART POSTAL À RAWDON
INTERNATIONAL MAIL ART EXHIBIT IN RAWDON
70 ARTISTES INTERNATIONAUX VOUS INVITENT
À UN TOUR DU MONDE SUR CARTE POSTALE !
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70 INTERNATIONAL ARTISTS INVITE YOU
FOR A POSTCARD WORLD TOUR !
SEPTEMBER 20 AND 21 FROM 11 TO 4
3597 METCALFE, RAWDON
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Si vous passez par là... n'hésitez pas !
16.09.2008 | Lien permanent
PATOUFÈT'
Connaissez-vous ce drôle de petit bonhomme ?
Ce personnage de conte est très populaire en Catalogne - espagnole, mais aussi française... comme j'ai pu m'en apercevoir en rencontrant de jeunes lecteurs originaires de Perpignan !
C'est son histoire, plutôt comique et légère, que je vous raconte dans mon dernier album de « conte du monde » paru chez L'Élan Vert !
Ces illustrations pleines de peps et de poésie ont été réalisées par Christophe Alline, un « Fabricolleur d'Histoires » dont la technique est particulièrement originale !
Allez, suivez-moi dans son atelier...
Patif' Pataf' Patouf'... bonne lecture à tous !
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17.05.2019 | Lien permanent
Les amoureux de Sallaumines
Hier, Fulberte et Amadou, mes deux amoureux préférés, ceux de mon album Marabout et bout de Sorcière, étaient de passage à la Maison de l'Art et de la Communication de Sallaumines. Dans la grande salle de danse, soixante enfants les attendaient, assis sur leurs coussins en forme de coeurs et leurs petits tapis (volants, certainement) ! La sorcière et son marabout arrivèrent par ma voix... et celle du violoncelle de ma soeur, Caroline.
Mais les enfants n'étaient pas là simplement pour nous écouter. Caroline avait tout prévu - il faut dire que c'est son métier ! Elle forma les pupitres et distribua les rôles. D'abord, des lames sonores, pour l'ambiance un peu inquiétante du début de l'histoire. Les claves, quand on frappe à la porte du manoir. Sanza, djembé, lorsque l'inconnu se présente : "Je m'appelle Amadou, grand marabout d'Afrique"... Bientôt, chacun des soixante enfants eut son instrument. Et, après une première mise en place, nous nous lançâmes pour de bon.
Quel bonheur ! Même les tout petits, ravis d'agiter leurs grappes de coquilles d'escargot ou de faire tinter leurs canettes métalliques (spécialement fabriquées pour l'occasion) lorsque Fulberte farfouille dans son réfrigérateur et offre un verre à son visiteur, participèrent de bon coeur ! Quant aux flûtes à coulisse, accompagnant les exploits délirants d'une Fulberte déchaînée sur son balai hirsute, inutile de dire qu'elles rencontrèrent un vif succès !
Après toutes ces émotions musicales, ce fut l'heure d'aller goûter à la médiathèque. J'avais apporté quelques étiquettes "maison" à coller sur les bouteilles de boissons et, contre toute attente, le pipi de chat fut très apprécié ! Ensuite, dans la petite salle du conte, je montrai aux plus grands les dernières épreuves de l'album avant publication, explorant avec eux les dessous de l'histoire et l'infinie richesse des illustrations de Muriel. Enfin, vint le moment des dédicaces, des "au revoir" et des bisous... Longue vie aux amoureux des livres !
Par chouette postale électronique, j'envoie un grand merci à toute l'équipe de la MAC de Sallaumines : à Isabelle, pour son soutien enthousiaste de la première heure, à Gaby pour son efficacité, à David pour sa gentillesse, à Valérie pour son aide précieuse et à Sylvain, barman de choc !
Et par hibou spécial poids lourds, mille mercis à Caro : c'est dans son cerveau en ébullition qu'a germé ce projet, puis mûri toute sa mise en place - merci aussi à Sébastien qui a composé le thème final de l'animation ! J'espère que nous aurons l'occasion de faire progresser notre prestation commune, en ajoutant notamment quelques micro et jeux de lumières féeriques... Oui, mille mercis de m'avoir ainsi entraînée au coeur le plus joyeux de cette charmante aventure magique !
14.12.2006 | Lien permanent | Commentaires (1)
Milos au collège
Vous vous souvenez de Milos, n'est-ce pas ? Mais si. Le squelette ! Milos Radius, exactement.
Il est arrivé dans le mauvais temps - c'était en novembre dernier. Il avait faim, très faim. Il avait froid, très froid. Il était épuisé, sur les rotules, à bout de forces. Pauvre Milos !
Heureusement, dans mon histoire, il y a Oscar... Et dans la vie, Hakim El Abbouni.
Celui-ci, professeur de Lettres au collège, y accueille les "primo-arrivants" - c'est-à-dire des élèves venus (parfois seuls) d'horizons aussi différents que la Géorgie, le Congo, le Brésil ou la Chine. Il essaie, avec beaucoup de coeur et de conscience, de leur donner à tous les clés de notre langue, celles qui leur permettront peut-être d'entrouvrir la porte d'une vie meilleure ici, dans notre Hôtel Albinos à nous...
Or, pour cela, il s'aide de Milos. Après lecture de l'album à voix haute, et à partir d'extraits choisis, il aborde progressivement toutes sortes de notions : personnages, énonciation, chronologie, sons, grammaire et vocabulaire. Dans un premier temps, il s'agit de s'assurer de la bonne compréhension du texte - par exemple, en demandant de relier chaque personnage à la phrase qui lui correspond :
a. Mme Albert 1. est un squelette
b. Ité 2. est un petit garçon
c. Milos 3. n'aiment pas les étrangers
d. Oscar 4. est la propriétaire de l'hôtel
e. Les résidents de l'hôtel 5. désigne le Général
Puis, grâce à 20 propositions judicieusement conçues que les élèves doivent qualifier de vraies ou fausses, le professeur peut mieux savoir ce que chacun a bien compris ou ce qui doit être expliqué. Ensuite viennent des exercices concernant la prononciation (la question des lettres muettes), les adjectifs et les pronoms possessifs, la comparaison, l'expression de la cause et la conjonction "mais", les mots de la même famille... Enfin, dans la dernière partie de la séquence, les élèves prendront la plume pour réécrire, par exemple, une phrase du texte qui exprime :
- un voeu, un souhait, un désir
- une indignation
- un regret
- un préjugé
- une comparaison
- la surprise
- l'amitié
Bien sûr, pour un auteur, il est toujours flatteur de savoir son texte étudié en classe. Mais là, s'ajoute une émotion particulière. Je réalise en effet que Milos, mon étrange étranger, n'a pas besoin de cours de langue puisque je l'ai créé parlant déjà celle de ses hôtes... (Et pourtant, il faudra l'intervention du Père Noël en personne pour qu'enfin tout s'arrange !) Aussi suis-je fière et très heureuse qu'il puisse apporter une aide précieuse à ceux qui ne la maîtrisent pas encore.
Merci à vous, surtout, monsieur El Abbouni. Pour tout ce que vous faites en compagnie (ou non) de mon gentil squelette !
04.06.2007 | Lien permanent | Commentaires (3)
Souvenirs de Boé
Il y a une semaine, à l'heure précise où j'écris cette note en direct de ma voiture, je me trouvais dans un train filant à vive allure entre Paris et Agen, avec Géraldine Alibeu. Tandis que nous faisions ensemble un petit point sur le dernier C.A. de La Charte auquel je n'avais pu me rendre, quelques wagons derrière le nôtre, Christine Destours – que nous ne connaissions pas encore – travaillait à ses illustrations... Bref, nous partions pour Boé, la conscience professionnelle chevillée au corps !
Ce qui est chouette, c'est que pendant ce temps-là, tout au bout du chemin de fer, les enseignants préparaient leurs classes à nous recevoir, avec la même implication. Du coup, les deux jours de rencontres précédant le salon furent à la hauteur de mes attentes (cf. cette note) : vraiment riches d'échanges ! Fatigants, certes... mais d'une "bonne" fatigue, positive et facile à "réparer".
Bien sûr, le fait que nous n'étions qu'une poignée d'auteurs jeunesse, tous logés dans le même hôtel-restaurant et chouchoutés par une équipe de bibliothécaires adorables, ne gâtait rien : il est plus facile ainsi de faire un peu connaissance, de discuter entre nous... Connaissez-vous le travail d'Aude Poirot ? Ou d'Anne Letuffe ? Si non, c'est l'occasion de découvrir de très belles choses !
Quelques liens et images souvenirs ? C'est parti !
D'abord, un article dans Sud-Ouest...
Un autre, concernant le Prix littéraire...
Bravo Géraldine, et bravo La Bête !
Tiens, d'ailleurs, en parlant de "bête", je vous montre une drôle de pancarte, vue dans la rue de l'école où nous étions invitées, Géraldine et moi...
Devions-nous fuir à toutes jambes ou nous réjouir ? Qui donc est ce "bourru" dont on tient la population informée des allées-et-venues ? Sûr que ce n'était ni Michel Boucher, ni Henri Meunier, seuls représentants de la gent masculine parmi les auteurs jeunesse présents... mais bien trop charmants pour être qualifiés de la sorte ! ;-)
En résumé : un grand, grand merci à l'équipe, qui tricotte avec passion cette sympathique Fête de la Lecture tout au long de l'année – enseignants et enfants compris. En prime : une grosse, grosse bise amicale à la pétillante V.P. ! :D
(Et merci, Anne, pour les photos !)
PS : Renseignements pris, sachez que le bourru se boit... (Malheureusement, nous n'y avons pas goûté. Plus qu'à retourner à Boé ! ^^)
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26.10.2012 | Lien permanent
Lettre insolite...
...écrite la semaine dernière, comme un petit clin d'oeil littéraire offert à ceux qui me recevaient, au collège François Rabelais d'Angers.
Chère compagne de route,
Je suis au regret de vous dire que, malgré votre demande insistante, je ne pourrai vous emmener avec moi demain à Angers.
Ne croyez pas, surtout, que je sois fâchée contre vous ! J'aurais eu plaisir, au contraire, à faire ce petit bout de chemin avec vous, qui êtes toujours si belle, si gaie, vêtue de ce bleu lagon merveilleux ! (Savez-vous que c'est lui, qui m'a fait vous choisir, parmi toutes vos soeurs de couleurs plus austères ou métallisées, il y a déjà quelques années ?)
Votre présence à mes côtés, aussi bien votre silence à l'arrêt que votre chant - parfois un peu entêtant, il est vrai ! - roulé sur le pavé, m'aurait rappelé d'excellents souvenirs... Ah, l'Asie du Sud-Est et ses jardins d'orchidées ! Mayotte et ses champs d'ananas ! Cette fraîcheur surprenante des hauteurs de La Réunion ! Et cette chaleur humaine, dans les rues bruyantes de Palestine !
Mais vous ? Je me demande... Vous rappelez-vous la douce tiédeur de notre chambre, à Singapour, où vous vous êtes prélassée tout le temps de notre séjour ? Ou plutôt l'ombre suffocante du coffre de la vieille Mercédès, dans lequel vous avez fait, des heures durant, le tour de Kuala-Lumpur ? Avez-vous préféré le plancher de bois brut du petit mana-mana si tranquille sur cette île d'Indonésie ? Ou la moquette poussiéreuse chez notre ami d'Hébron ?
Finalement, vous me suivez, fidèle, dans mes plus lointaines « aventures », je vous confie de précieux souvenirs et pourtant, je ne sais rien de vous. Il faudra bien qu'un jour, nous nous parlions un peu ! L'occasion se présentera sans retard, j'en suis presque certaine, dans le hall d'une gare ou d'un aéroport, tandis que nous attendrons patiemment l'heure de notre correspondance...
Mais, pour demain, je suis désolée de devoir vous le dire si crument : vous êtes trop grosse ! Je ne pars que pour la journée ; ma besace de facteur - moins élégante que vous, mais plus légère aussi - me suffira pour porter mes affaires.Cependant, mon amie, ne désespérez pas ! Les vacances d'hiver approchent et quelque chose me dit que vous aurez bientôt, de nouveau, le plaisir de quitter ce placard pour partir au grand air ! Patience, ma chère... et dans l'attente de nos retrouvailles, ne soyez pas trop triste : souhaitez-moi plutôt « bon voyage » !
Bien à vous,
Véronique, votre voyageuse dévouée.
Avez-vous deviné à qui (ou à quoi) s'adressait ce courrier ? D'autres lettres insolites, écrites par les élèves, sont à suivre ! @ bientôt :-)
10.02.2010 | Lien permanent | Commentaires (2)
Affichiste, activiste !
La semaine dernière et dans l'urgence, j'ai de nouveau coiffé ma casquette d'affichiste. Mais si, souvenez-vous, j'avais déjà travaillé pour La Baie des Livres l'an dernier !
Cette fois, la commande était un peu différente : il ne s'agissait pas d'annoncer un événement lié à mon activité d'auteure jeunesse, mais quelque chose d'un peu plus... large, disons. Voire carrément d'énorme - du moins, souhaitons-le très fort.
Merci donc à Marie, et à l'équipe d'AVAAZ, de m'avoir fait confiance ! Du coup, dans ma lancée, j'ai créé trois visuels. Certains reconnaîtront peut-être : le premier n'est autre qu'un clin d'œil à une affiche vieille de plusieurs dizaines d'années. (Je n'étais même pas née, c'est dire !) Et les deux autres ont suivi le fil de l'inspiration...
"Assez de mots ! Partout dans le monde, à deux jours du sommet de l'ONU sur le changement climatique, nous marcherons par centaines de milliers pour appeler nos chefs d’États à prendre des mesures ambitieuses pour notre planète et les générations futures. Pour tout changer, il faut tout le monde. Rejoignez la Marche pour le Climat !"
Le 21 septembre prochain, que vous soyez parisiens ou pas, que mes créations (et celles d'autres artistes autour du monde) vous plaisent ou non, chaussez votre paire la plus confortable et donnez de l'élan à la mobilisation en marche !
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08.09.2014 | Lien permanent
Sur les traces de l'Ogre
Connaissez-vous cette critique de mon album L'Ogre de Silensonge ? Elle est parue dans le magazine Citrouille (La Revue des Librairies Spécialisées Jeunesse) en juin dernier (n°44) - ce que je n'ai découvert que très récemment, lors de mon séjour à Fougères. Mais comme je ne dois pas être seule dans ce cas... généreusement, je fais suivre ! ;-)
> Pour une littérature jeunesse positive de la cruauté
Les livres pour enfants présentent toujours des méchants qui se voient : des hommes vêtus de noir au regard mauvais, des sorcières à verrues, des tigres aux dents pointues. Grâce aux livres j’ai appris, tout petit, à me méfier des inconnus, à ne plus avoir peur du noir et, à défaut d’avoir un dragon à tuer, à porter le cartable de mes princesses.
Je ne sais à quel âge on comprend que les livres c’est rien que des menteries, que les gentils gagnent rarement, que les princesses sont des garces et que les méchants ne portent pas toujours de manteaux noirs, de verrues et de dents pointues.
J’ai reçu de ma mère une bonne éducation. Toujours à l’écoute, elle répondait sans détour à toutes mes questions. De ses principes, quelques uns étaient pourtant discutables, suivant une logique de conte de fées. En résumé :
- Il faut avoir souffert pour apprécier la vie. Donc les pauvres sont des gens formidables.
- Ce n’est pas bien d’être raciste. Les étrangers sont des gens formidables.
- La maîtresse a plein de choses à t’apprendre. Les maîtresses sont des gens formidables.
Madame Lee Van Fu (orthographe approximative : à prononcer « le vent fou » !) était ma maîtresse en CE1. Aux dires de ma mère elle était pauvre, son mari resté au Vietnam, seule à élever ses trois filles. Pauvre, étrangère et maîtresse, trois raisons pour être une personne formidable.
Elle ne m’aimait pas beaucoup en CE1, j’allais souvent au coin, mais je n’ai pas le souvenir de problèmes avec elle. Dans sa classe, elle faisait des sondages à main levée : qui croit en Dieu ? Combien de fois par semaine changez-vous de chaussettes ?
La cantine de l’école Gatinot de Montgeron était divisée en trois ou quatre petites salles, chacune supervisée par une maîtresse différente. En CE2, madame Lee Van Fu surveillait ma salle et m’a harcelé pendant près de six mois. Pendant les repas, elle nous faisait de grands sermons moraux et me prenait souvent en exemple pour expliquer ce qu’était une méchante personne. Souvent elle m’obligeait à finir le reste des assiettes de toute ma table. Un jour, elle a dit qu’un méchant garçon comme moi devait être puni et a appelé tous les enfants à venir me donner des coups de pieds à la sortie de la cantine. Ce qu’ils ont fait. Je me souviens que cela a duré quelques secondes. Beaucoup faisaient semblant. Quelques bleus à peine. Une petite fille est venue me voir, m’a dit qu’elle ne m’avait pas frappée, elle, que madame Lee Van Fu était méchante.
Quelques semaines plus tard, j’ai empoigné sa main, armée d’une fourchette, alors qu’elle voulait me faire avaler de force des haricots. Mes deux mains à moi ont serré tant qu’elles pouvaient son poignet à elle. Et j’ai dit « non ». Elle m’a dit de la lâcher, qu’elle allait appeler la directrice et que je me ferai renvoyer de l’école. J’ai dit « non ». J’ai hurlé. Elle avait peur.
Ensuite la directrice. J’ai tout raconté. Elle ne m’a pas cru. M’a demandé de m’excuser auprès de madame Lee Van Fu. M’a dit que je ne retournerai en classe que quand je serai calmé et que j’aurai présenté mes excuses. Ma mère est venue me chercher. On m’a changé de salle de cantine.
Comment expliquer que, moi qui disais tout à mes parents, pendant ces six mois je n’en ai pas parlé ? Je pense que ce harcèlement était tellement inconcevable que j’ai fait comme s’il n’existait pas.
Mercredi, une bibliothécaire de Mouffetard recevait une classe à la section jeunesse. Elle leur a lu l’Ogre de Silensonge, avec son accent d’on ne sait où qui mettait les mots en relief. Moi, caché derrière une étagère, je me suis fait tout petit et j’ai profité…
Au royaume de Silensonge, l’ogre a l’air si gentil que les adultes lui confient leurs enfants. Comme il est malin, il ne les mange pas en entier : « L’ogre de Silensonge mangeait les enfants par tout petits bouts, des petits bouts de cœur. Le cœur, c’est tout au fond, à l’intérieur. S’il en manque un morceau, cela ne se voit pas. » Les enfants deviennent tristes, même Lélio, le bavard, qui ne dit plus un mot. Heureusement, il rencontre le roi, se confie à lui et l’ogre est puni.
J’ai repensé à la Lee Van Fu et je me suis dit que, moi qui croyais tant aux livres, peut être que cette simple histoire m’aurait fait comprendre et réagir. Peut-être…
J’ai emprunté le livre et me suis plongé à nouveau dans l’histoire avec délectation. La force du texte de Véronique Massenot est dans sa simplicité. Contrairement aux règles habituelles de récit, elle ne décrit pratiquement rien de concret et ne place pas ses personnages dans des situations précises : on ne sait pas pour quelle raison les parents confient leurs enfants à l’ogre (est-il instituteur ? médecin ?) Aucune scène ne présente Lélio face à l’ogre. La punition de l’ogre n’est suggérée qu’à travers les dessins (il est jugé). Étrangement, ce sont ces imprécisions habiles qui font échapper l’histoire à l’anecdotique et permettent que chaque enfant investisse le texte de ses propres projections.
Ce manque de mises en situation dans le texte est en réalité comblé par les illustrations. Eva Offredo et ses dessins faussement naïfs était la collaboratrice idéale pour ce livre. Elle y exprime tant la dureté que la tendresse en empruntant la symbolique forte des dessins d’enfants.
Ce magnifique album me conforte dans ma position pour une littérature jeunesse positive de la cruauté. Cruauté, parce que les enfants y sont confrontés, plus souvent parfois que les adultes. Positive, parce qu’il s’agit de présenter au lecteur des solutions et non des morales. Ici : si un adulte est méchant avec toi, parles-en !
04.12.2006 | Lien permanent | Commentaires (1)