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19.07.2012

Souvenir de Ronchamp (3)

Pour finir de vous mettre dans l'ambiance, voici quelques photographies prises pendant l'événement. (Merci à Jean-Louis Dubois, responsable de la communication.)

ronchamp,notre-dame du haut,le corbusier,crdp,le vaisseau blanc

Enfin, des extraits de ce que j'ai raconté ce soir-là... Si le reste du texte vous intéresse, n'hésitez-pas à me le demander par courriel. Je me ferai un plaisir de vous l'envoyer !

Le Vaisseau blanc est ma troisième contribution à la collection « Pont des Arts » mais c'est la première consacrée aux arts de l’espace, écrite à partir d'une œuvre architecturale – qui plus est religieuse. J'ai tenté de l'aborder le plus simplement possible, c'est-à-dire comme les deux autres. Grâce à ma formation, j'avais un peu d'avance... prise, notamment, avec ce petit livre acheté sur place autrefois.

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Comme d'habitude, j'ai lu, cherché, regardé, lu encore. Comme chaque fois, je me suis constitué, avant de m'engager pour de bon dans l'écriture de fiction, ce que j'appelle des « bagages », une sorte de « baluchon » rempli de références, de mots et d'images...

Ensuite, une fois les valises bouclées, il fallait se lancer. Au départ, c'est davantage l'aspect religieux de l'édifice qui me semblait délicat à aborder plutôt que son aspect tri-dimensionnel, architectural. Face à une Annonciation de Fra Angelico, j'aurais sans doute éprouvé la même chose. Mais savoir que Le Corbusier avait lui-même hésité à se lancer dans ce projet, notamment parce qu'il était athée, m'a aidée à franchir le pas moi aussi. Ne pas croire en Dieu, ou ne pas avoir de religion, n'empêche en rien d'être attentif à la foi d'autrui, de profondément respecter son élan spirituelvoire de le ressentir soi-même ! C'est une chose assez naturelle à qui voyage et rencontre d'autres cultures, d'autres croyances...

Ce livre étant destiné aux enfants, tous les enfants, quelles que soient leurs origines, il m'a semblé absolument indispensable d'ouvrir la chapelle à d'autres horizons que celui de la seule foi catholique. Des horizons lointains, divers... mais qui, au fond, poursuivent la même quête. L’œcuménisme (au sens extra-large du terme !) de la toute dernière page fut donc, en réalité, mon point de départ pour écrire l'histoire. Les livres, en effet, s'écrivent souvent à l'envers !

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Mais, si la nature religieuse de l'édifice m'a inspirée, son histoire également... Quelle que soit l’œuvre sur laquelle je travaille, j'essaie toujours de me documenter le plus possible sur son contexte historique. Les artistes ne créent pas par hasard et ne vivent pas hors du temps. Et c'est peut-être plus vrai encore pour l'architecture, qui implique une commande validée en haut lieu, des équipes d'ingénieurs, d'ouvriers... L'artiste ici n'est plus seul dans son atelier. C'est de là qu'est venue l'idée de situer le récit juste après-guerre... Une guerre apocalyptique, non située précisément mais qui correspond – du moins, dans mon esprità la Seconde Guerre mondiale. Ainsi, dans la première double-page, la nuit « en deuil de ses étoiles » est, pour moi, une allusion à la Shoah.

Le désastre qu'a été ce conflit m'a tout naturellement conduite à une autre référence, biblique celle-ci : le Déluge de l'Ancien Testament. D'où l'idée du vaisseau, qui par ailleurs faisait écho à mon ressenti personnel, à mon souvenir du lieu... Là, je veux vous faire toucher du doigt le privilège de l'auteur. Pouvoir décider d'un mot qu'une chapelle est, en fait, un bateaucomme le font les enfants lorsqu'ils jouent : « On dirait que ce balai serait mon cheval-!-». Pour moi qui tiens le stylo, c'est évidentcette chapelle, vue sous un certain angle, a réellement la forme, l'allure et l'élégance d'un vaisseau – mais c'est surtout très simple : il me suffit d'un mot ! Tandis que pour Anja, qui tiendra le pinceau ensuite, ce n'était pas forcément aussi facile. Et pourtant, elle a relevé le défi et fait un travail admirable. Sans compter que le fait qu'elle soit allemande ajoute encore, à mes yeux, à la symbolique du livre...

Pour conclure, on me demande souvent s'il y a une « morale », une « leçon de vie » à tirer de ce récit onirique... En restant dans l'esprit du lieu, je dirais que c'est mon péché d'auteure : j'aime écrire des histoires qui emmènent le lecteur un peu plus loin qu'elles en ont l'air... « Leçon » ou « morale », ces mots me semblent tout de même un peu forts. J'espère simplement que Le Vaisseau Blanc saura emporter à son bord les enfantsles vrais, les petits... mais aussi les vieux enfants que nous sommes, nous, adultes lecteurs ! vers une fraternité humaine, simple et chaleureuse, transcendant toutes les différences.

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Oui, un GRAND MERCI à tous pour votre accueil !

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Commentaires

Merci de partager ce moment avec ceux qui n'ont pas pu être là. Et merci pour le texte très émouvant sur la naissance d'un livre. On a rarement l'occasion de découvrir le processus de création, et tu le fais si bien.

Écrit par : Fabienne | 19.07.2012

♥ Merci Fabienne ! ♥

Écrit par : Véronique | 20.07.2012

Les commentaires sont fermés.