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14.02.2006

La justice viendra-t-elle sur nos pas triomphants ?

Dans le centre de torture de la dictature argentine
La chaleur est infernale, en janvier à Buenos Aires. Accablés par l'humidité du Rio de la Plata, les jacarandas ont déjà perdu leurs fleurs. Le ciel sur lequel se détachent les bâtiments blancs de l'Esma, l'école de mécanique de la marine militaire, est bleu, si bleu... Impossible d'imaginer que ces locaux ont hébergé le principal centre de détention et de torture de la dictature argentine. Entre 1976 et 1983, plus de 5 000 personnes sont arrivées, yeux bandés, dans cet enfer. Ils sont une centaine à en être sortis vivants. A deux mois du trentième anniversaire du coup d'Etat, le 24 mars, le président Nestor Kirchner veut faire de cette geôle un espace de mémoire. Pour que plus jamais l'Argentine ne succombe à la barbarie. Un musée, une bibliothèque, un jardin ? En attendant que le projet voit le jour, étudiants, journalistes, parents de disparus et survivants peuvent visiter ces lieux gardés au secret par l'armée pendant des décennies.
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Les visiteurs viennent aujourd'hui rendre hommage aux victimes des atrocités commises dans l'école de mécanique de la marine militaire. Naguère, militaires et employés de ménage butaient contre des ombres aveugles et menottées.

Marcarian/Reuters.

De notre envoyée spéciale à Buenos Aires, Lamia Oualalou
LEFIGARO.fr [13 janvier 2006]

 

Andres, 31 ans, est le maître des clefs. Son visage de poupon camoufle dix ans d'activité dans les rangs de Hijos, l'association réunissant les enfants des 30 000 morts ou disparus de la dictature. «Mes parents n'ont pas souffert des militaires. Mais j'ai eu besoin de m'impliquer quelque part, j'ai choisi Hijos, et cette histoire est devenue la mienne.» Cinq jours par semaine, il refait le parcours des détenus, et de leurs tortionnaires, «pas plus de deux visites, on en sort comme roué de coups». Suivons le guide.

 

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