23.06.2009
Souvenirs de Pontault-Combault (8)
Extraits des textes de mes "apprentis auteurs" d'un jour - suite et fin. Nous partons aux Etats-Unis...
L'enfance d'Ashley
23 juin 1861
Me voici, Ashley. J'ai 14 ans, je viens d'une famille plutôt pauvre et je ne vois plus souvent mes parents et ma sœur. En ce moment, dans mon pays, les États-Unis, la guerre de Sécession fait des ravages. Tout ce que je raconte est totalement vrai. Ce cahier où j'écris mon journal, je l'ai trouvé dans les affaires de ma sœur, en pensant que ce serait mon dernier souvenir d'elle... Elle est gravement blessée, à cause d'une balle de fusil qui a ricoché et a heurté son dos. Je fais très attention parce que je suis sur un champ de bataille et les tirs fusent et passent juste devant mes yeux. J'essaye de me déblayer un petit chemin pour être en sécurité, car tous ces hommes qui se tirent dessus me font peur... même si j'aimerais bien les aider. Mais je pense à mon si jeune âge... Si j'aventurais ma vie dans cette guerre, peut-être que je la perdrais.
21 juillet 1861
Ce qui devait arriver est arrivé, ma sœur est décédée, elle a succombé à ses blessures. Ce journal, je l'écris pour elle qui me soutient du Paradis...
J'ai décidé d'aller dans cette guerre. Il est 5h30 du matin, il fait déjà très chaud et le soleil vient de se lever. Hier, un homme qui a perdu sa femme dans cette catastrophe m'a dit qu'il y aurait une bataille aujourd'hui et que celle-ci ferait sans doute de nombreux morts. Je l'ai pris au sérieux et je lui ai demandé de me laisser son fusil que je savais à peine manipuler. Il accepta mais m'ordonna de faire attention. (...)
Arrivé sur un champ de bataille, je me pose dans une tranchée et tire sur tous les hommes qui viennent du Sud. Un homme me crie dessus : « Non pas lui, il vient du Nord ! » (...) J'étais le seul enfant déterminé à abolir l'esclavage et d'ailleurs c'est bien pour ça que je suis là, en train d'essayer d'éliminer les hommes du Sud. Mais je crois avoir un petit avantage : les soldats n'oseraient pas tuer un si pauvre et si jeune enfant comme moi, mais cela n'est qu'une croyance. (...) Je me souviens d'une phrase que ma sœur disait souvent... « Fais toujours ce que tu dis. » J'ai dit que je voulais tuer un soldat, je vais le faire. Je saisis mon fusil et vise la tête d'un homme en uniforme gris. J'appuie sur la gâchette et boum, la balle est partie, je me suis un peu déboité l'épaule en tirant, mais je prends mon mal en patience. Positif, je suis content ! Vous savez pourquoi bien sûr : je viens d'éliminer un Sudiste.
2 août 1861
Douze jours après la bataille me voici à l'hôpital. Ne croyez pas que je me suis fais mal je suis seulement aux côtés du soldat nordiste que j'ai blessé lors de cette bataille. Il se remet doucement de ses blessures et me pardonne. Je lui demandai quel était son nom. Il me répondit « Monsieur Gomez ». Je voulais savoir aussi son prénom. Il me dit : « Monsieur Taylor Gomez ». Je n'en croyais pas mes oreilles, cet homme était mon père. Je ne l'avais pas reconnu car il avait le visage bandé. Je lui parlai un peu mais tout d'un coup, je vis le thorax de mon père qui ne faisait plus aucun mouvement de respiration. Je pris son pouls, son cœur ne battait plus ! Je courus aussitôt dans les couloirs de l'établissement et criai « Mon père est en train de mourir !» Une infirmière alla dans sa chambre et m'annonça tristement son décès. Je fondis en larmes : après ma sœur, c'était mon père. Qu'ai-je fait pour que tout cela m'arrive ?
22 août 1861
Je reviens de l'enterrement de mon père. Ma chemise est trempée des tristes larmes que j'ai versées en voyant son cercueil descendre dans ce maudit trou de terre. Sa mort était un peu de ma faute.
16 mars 1862
Voilà, je fête mes 15 ans aujourd'hui, avec tristesse en pensant a mon père. Avant je dormais dans la rue, mais maintenant une gentille dame m'a logé dans sa maison. Elle habite à Shiloh dans l'Illinois. Elle aussi a perdu de la famille dans la bataille de BullRun.
6 avril 1862
BOUM ! Ce bruit, c'était le départ de la bataille de Shiloh. J'étais prêt à affronter ces affreux Sudistes ! J'ai pris mon fusil et tiré. J'ai tué 10 personnes environ et j'en suis fier. Pourtant, j'ai quand même des regrets pour les familles de toutes ces victimes. Je n'aime pas la guerre, mais il fallait en finir...
9 avril 1865
La guerre est terminée. Je suis devenu majeur. Je vis maintenant chez ma mère, que j'ai retrouvée grâce à des télégrammes. Nous avons une nouvelle maison. Elle savait la nouvelle à propos de Papa. Elle était triste, comme moi, et très étonnée que je me sois aventuré dans cette guerre. Malgré les morts de Papa et de ma sœur, ma mère et moi allons reprendre une autre vie, moins mouvementée que ces cinq dernières années. Le bilan de cette catastrophe est lourd : plus de 600 000 morts, dont des enfants. Des régions sont dévastées. Le Sud est ruiné.
Voilà, mon journal arrive à sa fin. Je le garderai toujours pour montrer à mes futurs enfants et petits-enfants mon enfance anormale. (...) Papa, ma sœur, je vous aime. Vous êtes passés dans la pièce d'à côté, mais je ne vous oublie pas.
Romain (la Guerre de Sécession)
Merci à vous pour vos efforts ! Bonnes vacances à tous ! ;-)
12:49 Publié dans Chroniques d'ateliers | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : atelier d'écriture, collège, correspondance, journal intime, pontault-combault
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