26.02.2008
D'où m'écris-tu, Melina ?
A la fin de Lettres à une disparue vous pouvez lire ceci :
NOTE DE L'AUTEUR
J'ai choisi, en écrivant ce roman, de ne pas faire mention, ni de l'époque, ni du pays, dans lesquels l'action se situe.
Souci d'universalité.
Melina, Paloma, Nina, et tous les autres, sont des personnages de fiction, nés de mon imagination.
Et pourtant, ce qu'ils vivent, ce qu'ils subissent sur le papier - tortures, disparitions, enlèvements, procès -, des êtres de chair et de sang, des hommes, des femmes et des enfants, en ont été les victimes bien réelles, historiques.
Ne les oublions pas.
Merci à l'équipe de Daniel Mermet pour les reportages effectués en Argentine et diffusés sur France-Inter dans l'émission "Là-bas, si j'y suis", qui m'ont largement inspirée.
Cette note a pour but de répondre à deux questions que les lecteurs me posent souvent : "Où se passe l'histoire ?" et "Pourquoi ne pas l'avoir dit dans le texte ?" L'histoire se passe en Argentine, mais pourrait se passer ailleurs...
Dans la deuxième édition de Lettres à une disparue, un rappel historique précisait les choses. La toute nouvelle version ne l'ayant pas repris, je le reproduis - à quelques mots près - ici.
LES "DISPARUS" D'ARGENTINE
1976. Un coup d'Etat militaire impose une dictature féroce à l'Argentine. Tous les opposants au régime sont réduits au silence de façon systématique. Cette période marquée par la barbarie et la cruauté, se solda par la disparition de 30 000 personnes, et par l'assassinat, l'emprisonnement et la torture de milliers d'autres. Les mères qui perdirent ainsi leurs enfants, kidnappés et tués par les militaires, prirent l'habitude, dès les années 70, de se rassembler sur la "Plaza de Mayo" (la Place de Mai) tous les jeudis pour réclamer justice. Elles nouaient alors sur leurs cheveux des foulards blancs, symbolisant les langes de leurs enfants disparus. Le régime, qu'elles gênaient de plus en plus, les baptisa "les Folles de Mai" - ce qui ne les empécha pas de constituer un réseau d'entraide et de soutien efficace, et d'entamer des actions en justice.
"Hijos" est le mot espagnol qui signifie fils et filles. En Argentine, comme au Chili voisin, ce mot désigne les enfants des desaparecidos, c'est-à-dire des victimes de la barbarie du régime militaire. Aujourd'hui encore, on continue de chercher les 500 "hijos" qui ont été enlevés avec leurs parents, ou qui sont nés en prison pendant la détention de ces derniers. Ces enfants furent parfois confiés par leur ravisseurs aux familles d'officiers, afin qu'ils les élèvent avec leurs "valeurs". Une cinquantaine de ces enfants a été retrouvée, parfois au moyen des tests ADN.
Hélas, le cas de l'Argentine n'est pas unique : au Chili, au Maroc, au Sri Lanka, aux Philippines, des comités de parents de "disparus" ont vu le jour et demandent des explications sur le sort de leurs enfants.
Victoria, Melina du Chili
10:00 Publié dans Lettres à une disparue | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dictature, mémoire, Argentine, Lettres à une disparue
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